L'info de l'histoire : retour sur les déclarations de politique générale sous la Ve République

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Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le Premier ministre Pierre Mauroy lors de sa déclaration de politique générale, à l'Assemblée nationale le 8 juillet 1981 (GEORGES GOBET / AFP)

La déclaration de politique générale est un ancien exercice parlementaire qui, sous la IIIe et la IVe Républiques, portait le nom d’investiture. Un chef de gouvernement nouvellement désigné par le président devait se présenter devant la Chambre des députés pour présenter son programme et obtenir une majorité de votes. La Ve République a gardé l’idée de la présentation du programme, mais le gouvernement n’est plus obligé d’engager sa responsabilité. Il peut rester en place sans qu’un vote ait lieu, ce qui sera le cas mardi 1er octobre pour le gouvernement de Michel Barnier.

Certaines de ces déclarations de politique générale de la Ve République sont restées en mémoire : la première avec Michel Debré, qui inaugure l’exercice en 1959. Mais je veux retenir un moment d’émotion politique, dix ans plus tard, quand Jacques Chaban-Delmas se présente devant l’Assemblée en 1969. Il rappelle alors que durant dix ans il a présidé cette même assemblée, avec des marques d’amitié des parlementaires.

Le "renouveau" de Mauroy, le rêve de Rocard, la voix d'Edith Cresson...

Le sentiment d’un tournant est sensible bien sûr après la victoire de François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1981. En juillet devant les députés, Pierre Mauroy évoque une nouvelle ère, "le renouveau". Toujours sous la présidence de François Mitterrand, Jacques Chirac en 1986 engage sa responsabilité facilement avec sa nouvelle majorité. Quant à Rocard, en 1988, il se rêve en nouveau Martin Luther King et commence son discours en scandant : "Je rêve d’un pays..."

En 1991, Edith Cresson, première femme nommée à Matignon et donc première femme à pratiquer l’exercice de cette déclaration de politique générale, se voit critiquée (avec une pointe de misogynie) pour sa voix et la sonorisation de l’Assemblée.

Plus récemment, la déclaration d’Edouard Philippe en 2017 est l’une des rares à évoquer celles de ses prédécesseurs. Michel Barnier, mardi, s’inscrira dans cette longue histoire. Malgré l’absence de majorité, il s’inscrira sans doute dans la durée pour proposer des mesures phares et tenter de convaincre l’opinion au-delà de l’hémicycle.

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