Nucléaire iranien : "La méthode Trump l'a emporté sur la méthode d'Emmanuel Macron", estime Benoît Hamon
Invité du "19h20 politique" sur franceinfo mardi, le fondateur du mouvement Générations, Benoît Hamon, s'est montré très sévère sur la visite du président français aux États-Unis.
Benoît Hamon était l'invité du "19h20 politique", mardi 24 avril, au deuxième jour de la visite d'État d'Emmanuel Macron aux États-Unis. Le président français et son homologue américain, Donald Trump, ont évoqué leur volonté d'aboutir à un "nouvel" accord avec l'Iran, constatant leur désaccord sur le texte existant sur le nucléaire. Sur franceinfo, le fondateur du mouvement Générations et ex-candidat socialiste à la présidentielle, a dit craindre "que ce soit un fiasco sur la question iranienne". "C'est la méthode Macron qui est en aujourd'hui en question", a également assuré Benoît Hamon, estimant que le chef de l'État "a cédé" car, "dans les faits, il est obligé de s'aligner sur la position des États-Unis".
franceinfo : Que pensez-vous de cette conférence de presse conjointe d'Emmanuel Macron avec Donadl Trump, que vous avez suivie ?
Benoît Hamon : Je crains que ce soit un fiasco sur la question iranienne car cet accord sur le nucléaire iranien avait été négocié sous les bons auspices de la communauté internationale. C'est un accord important puisqu'il évitait la prolifération de l'arme nucléaire. Il mettait l'Iran sous contrôle de la communauté internationale. Donald Trump voulait, par la force, en imposant la remise en cause de cet accord, obtenir de ses alliés, et donc de la France, que celui-ci soit enterré ou le cas échéant renégocié. Il semble qu'il ait obtenu gain de cause. C'est la méthode diplomatique, c'est la méthode Macron qui est en aujourd'hui en question, d'autant plus que Donald Trump s'autorise les félicitations à Emmanuel Macron pour sa politique migratoire. Ça en dit long sur la dérive qui s'est opérée depuis un an. Cette visite du président de la République française aux États-Unis aura montré le poids diplomatique réel qui est celui de la France d'Emmanuel Macron et qui, par rapport à la stratégie américaine, ne pèse guère.
Pour vous le chef de l'État a cédé à Donald Trump sur cette question de l'accord nucléaire iranien ?
En tout cas, manifestement la méthode Trump l'a emporté sur la méthode d'Emmanuel Macron. Il y avait dans les milieux français, l'espoir que la gentillesse d'Emmanuel Macron, la manière dont il jouait la proximité avec Donald Trump, l'emporterait. Il semblerait que cette tradition issue de Versailles n'a pas eu beaucoup de succès auprès de Donald Trump. Dans les faits, il est obligé de s'aligner sur la position des États-Unis qui dénoncent l'accord et proposent sa renégociation dans des termes qui proposent d'endiguer l'influence de l'Iran, de contrôler les aspects balistiques, tout ce qui pourrait relever de l'activité nucléaire et donc de l'enrichissement de l'uranium, en réalité dans les faits, aujourd'hui ce qui était la ligne de campagne de Donald Trump, ce sur ce quoi il s'est fait élire, qui était en contradiction avec le compromis obtenu par Barack Obama. Sur ce terrain-là, Emmanuel Macron a cédé. C'est un fiasco qui est assez préoccupant. Ce rapport de forces qu'a voulu créer Donald Trump dans cette partie du monde est un rapport de forces qui, comme en Israël avec la décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, allume des foyers supplémentaires. Il joue avec les allumettes et au bout du compte on a à s'inquiéter de la faible résistance qu'aura opposée Emmanuel Macron à cette stratégie de la force qui vise à démolir méthodiquement tout ce qui faisait accord jusqu'ici.
Quel est votre sentiment sur le vote de la loi asile et immigration par la majorité présidentielle ?
Les parlementaires du FN, comme messieurs Collard et Aliot, et monsieur Philippot ancien membre du FN, ont loué la démarche de Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur sur la question migratoire. On a retrouvé, sur le fait de prolonger la durée de rétention à 90 jours, des accords qui pouvaient exister entre l'actuelle majorité, et la droite et l'extrême droite. Au fond il y a une vraie indignité à avoir choisi de mettre en œuvre cette politique-là quand on attendait justement d'Emmanuel macron qu'il incarne un barrage et un rempart à l'extrême droite, notamment sur ces questions essentielles concernant notre rapport collectif à l'immigration et à l'altérité. Il y a de la xénophobie en France je ne crois pas qu'une loi répressive à l'égard des réfugiés arrive à endiguer l'extrême droite.
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