"47% de nos de nos chefs d'entreprise gagnent un peu moins du SMIC", déclare le secrétaire général du Syndicat des indépendants et des TPE

Marc Sanchez, secrétaire général du Syndicat des indépendants et des TPE était l'invité éco de franceinfo lundi pour évoquer la santé des très petites entreprises.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Marc Sanchez, le secrétaire général du SDI et des TPE, le 18 décembre 2023. (RADIOFRANCE / FRANCEINFO)

Comment vont les très petites entreprises ? Comment vont les indépendants, les artisans et les commerçants ? Marc Sanchez, secrétaire général du Syndicat des indépendants (le SDI) et des très petites entreprises (TPE) qui représente les entreprises de moins de 20 salariés et compte 25 000 adhérents, était l'invité éco de franceinfo pour répondre à ces questions.

franceinfo : Dans quel état d'esprit sont ces dirigeants de très petites entreprises en cette fin d'année ?

Marc Sanchez : Si j'étais pessimiste, je dirais très très affectés, sans beaucoup de perspectives en termes de développement ou de chiffre d'affaires. De manière générale, effectivement, on a des chefs d'entreprise qui sont presque au bout du rouleau, mais qui restent quand même un peu résilients. Si je suis optimiste, effectivement, ce qu'on regarde dans notre baromètre, c'est qu'on voit qu'il y en a presque plus de la moitié qui restent quand même assez confiants pour l'exercice 2024. Pas confiants par rapport à des facteurs économiques, mais confiants parce qu'ils n'ont pas le choix, parce que souvent, effectivement, leur entreprise, c'est leur vie. Ils ont beaucoup mis de l'argent personnel, du temps, de l'énergie, des idées et donc forcément, on n'a pas le choix de reculer. On ne peut qu'avancer. Donc de ce point de vue-là, on va dire qu'on doit rester optimiste.

L'inflation est-elle répercutée sur les prix pratiqués par les entreprises qui adhèrent à votre syndicat ?

Dans le dernier baromètre, on a constaté qu'elle était répercutée à moins de 30%, c’est-à-dire que beaucoup de dirigeants de TPE ont considéré qu'ils n'étaient pas dans une certaine obligation de la répercuter, de peur d'avoir des baisses de consommation ou des baisses de chantiers notamment. Donc, souvent elle est supportée par les marges ou par les trésoreries des entreprises, en espérant que ça redécolle. Et ce n'est malheureusement pas ce qui se passe aujourd'hui avec des perspectives en 2024. Si on regarde notamment les dernières stats en macro de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) qui sont quand même assez compliquées.

Et qu'en est-il de la rémunération des dirigeants des entreprises que vous représentez ?

Là aussi, notre baromètre a montré au mois d'octobre dernier qu'effectivement on avait quand même 47% de nos chefs d'entreprise, commerçants, artisans, professions libérales et dirigeants de TPE qui gagnaient en 2023 un peu moins du SMIC, aux alentours de 800 ou 900 euros par mois, en tenant compte effectivement d'un travail de 48 heures hebdomadaires, ce qui est quand même relativement important. Et effectivement, on explique ces éléments-là par le fait que le chef d'entreprise est tellement pressé par les charges qu'il préfère effectivement utiliser ce qui peut lui rester de rémunération pour pouvoir notamment payer des charges. Je pense au Prêt garanti par l'État (PGE) notamment. Beaucoup nous disent effectivement que c'est un élément qui obère quelque part la rémunération et la marge des entreprises. Alors même qu'au départ, il était quand même considéré comme une aide qui devait justement nous permettre de sortir de la crise covid. Aujourd'hui, on a l'impression qu'il nous enfonce de plus en plus. Il faut voir que le PGE aujourd'hui, pour une entreprise, un fleuriste, un boulanger, c'est 2 000 euros par mois à rembourser sur une base de quatre ans. Et c'est ce qui avait fait d'ailleurs que le SDI avait demandé justement son étalement, pour les entreprises qui en font la demande, sur une période de deux ou trois années supplémentaires.

De quoi auriez-vous besoin en urgence aujourd'hui ?

Je vous dirais déjà qu'on arrête de nous expliquer que tout va bien parce que tout ne va pas bien. Alors bien évidemment, l'idée, ce n'est pas d'être dans le misérabilisme total, mais quand on regarde toutes les enquêtes qui sont faites par tous les instituts, par celles du SDI, par celles de Rexecode, Altares, et cetera, d'un point de vue micro, on constate qu'il y a une vraie tension au niveau des TPE aujourd'hui dans tous les secteurs d'activité. Le président de la Fédération française du bâtiment expliquait encore la semaine dernière que sur 2024, il y aurait tout de même, je crois, à peu près 90 000 emplois qui seraient menacés parce qu'effectivement il y a un ralentissement de la consommation sur les entreprises du secondaire. C'est ce qu'on constate chez nous, avec nos entreprises adhérentes. Sinon, on est exactement dans la même logique et on a un discours quelque part où on nous explique que "ça va passer, ça va aller mieux, et cetera et cetera". Donc c'est bien la méthode Coué, mais au bout d'un moment, il faut aussi tenir compte des vrais sujets et essayer d'apporter des réponses. Alors même si le gouvernement n'a pas réponse à tout, le fait d'être quand même un petit peu plus, non pas entendu mais écouté sur ces éléments-là, permettrait effectivement d'être peut-être un peu plus positif.

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