Apprentissage : "Il faut aussi valoriser la voie de la professionnalisation", explique le président d'Omnès Éducation, un établissement d'enseignement supérieur privé
Les tout derniers résultats de Parcoursup sont tombés. Aujourd'hui, il n'y a plus que 148 bacheliers sans aucune affectation. Certains étudiants se tournent vers le privé. À cette occasion, José Milano, président exécutif d’OMNES Éducation, est l'invité éco de franceinfo pour nous parler de l'enseignement privé en France. OMNES Éducation est un acteur majeur de l'enseignement privé supérieur en France avec quinze écoles et 40 000 étudiants.
franceinfo : Aujourd'hui, il n'y a plus que 148 bacheliers sans aucune affectation. C'est très peu ?
C'est un succès 917 000 étudiants cette année, plus de 23 000 formations. Donc le processus s'améliore chaque année. C'est de l'intérêt de tous. Après, ça reste un processus stressant parce qu'il y a des délais, parce qu'il y a un algorithme qui est opaque et il le restera. Ça ne valorise pas trop les personnalités. Les dossiers sont écrits. Donc il y a des avantages, ça fonctionne mieux, mais il y a aussi des inconvénients.
L'apprentissage fait toujours recette : 1 million de jeunes en apprentissage à la fin de l'année dernière, 3,9 milliards d'euros sont encore prévus dans le budget 2024. Est-ce que c'est normal que cela concerne à 60% l'enseignement supérieur et l'enseignement supérieur privé notamment ?
C'est une politique publique qui a été voulue comme telle. Aujourd'hui, on est passé de 500 000 à 1 million d'apprentis, donc c'est beaucoup. Ça a contribué à faire baisser de cinq points le chômage des jeunes et on sait que c'est un drame social. Donc après, évidemment, il faut le financer.
Vos établissements touchent 6 000 € d'argent public par étudiant ?
Non, 6 000 €, c'est les entreprises, c'est de l'aide à l'embauche. C'est un système qui permet d'avoir accès à l'enseignement supérieur gratuitement pour l'étudiant et il est même payé dès le bac. Et donc il peut aussi bénéficier de cette filière-là. Il peut avoir un diplôme bac plus deux, bac plus trois, bac plus cinq. C'est une autre voie qui est très complémentaire de la voie universitaire et académique.
Selon vous, ça permet à certains étudiants de se tourner vers des filières d'excellence et notamment privé par ce biais ?
Les chiffres parlent d'eux-mêmes aujourd'hui, 15% des étudiants qui sont dans la voie de l'apprentissage n'auraient jamais eu accès à l'enseignement supérieur parce qu'ils sont enfants d'ouvriers, d'employés, d'agriculteurs. Donc ça, c'est un plus. Et je pense qu'il faut continuer de renforcer cette tendance-là.
Comment est-ce que vous choisissez vos formations ? Est-ce que c'est notamment parmi les secteurs qui recrutent aujourd'hui ?
Absolument. C’est-à-dire que nous travaillons sur l'élaboration de programmes avec les entreprises. Les étudiants sont en stage ou en apprentissage aux entreprises. On a des intervenants professionnels qui viennent dans nos cours. Donc on sait très bien gérer ces filières de professionnalisation qui permettent d'avoir aujourd'hui plus de 90% de nos étudiants qui trouvent un emploi avant six mois. Et on s'adapte au fur et à mesure tout en proposant des titres d'État ou des diplômes d'État.
D'ici l'an prochain, il y a une plateforme qui devrait répertorier les formations publiques et les formations privées qui bénéficient d'une reconnaissance par l'État. Est-ce que c'est nécessaire pour s'y retrouver ?
Alors ça ne va couvrir qu'une partie du sujet. Je pense qu'il faut aussi valoriser la voie de la professionnalisation parce qu'on peut apprendre autrement, car ces jeunes ont d'autres talents et certains ne sont pas faits pour les études académiques. Il n'y a qu'à voir le taux d'échec dans l'enseignement supérieur, notamment à l'université, et en même temps, ils peuvent s'épanouir très bien dans des formations avec des professionnels. Le plus important pour l'étudiant, c'est l'employabilité : combien d'étudiants peuvent trouver un travail qui leur convient.
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