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Christiane Lambert (FNSEA) : "Nous lançons un SOS pour les agriculteurs"

La nouvelle présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, était l'invitée de l'interview éco jeudi. Elle a évoqué ses projets pour le premier syndicat agricole français. 

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Christiane Lambert est la présidente de la FNSEA, premier syndicat agricole français. 
 (RADIO FRANCE)

Christiane Lambert est désormais la nouvelle présidente de la FNSEA, le premier syndicat agricole français. Elle succède à Xavier Beulin, décédé le 19 février dernier. Christiane Lambert est également éleveuse de porcs dans le Maine-et-Loire.

franceinfo : Allez-vous produire moins, mais mieux, comme vous le demandent des associations environnementales ?

Christiane Lambert : Nous allons produire mieux, et nous allons produire pour tous les marchés. Il y a aujourd'hui en France des demandes très diversifiées de produits de qualité, de produits standards, de produits bio. Il y a des demandes à l'export de produits haut de gamme et de produits classiques. Nous savons produire pour tous les marchés et c'est ce qui est important. Le client est roi. Ce que veut le client, nous saurons le faire.

Quelle est votre position sur les critiques concernant la course à la taille, la course au gigantisme ?

Savez-vous qu'elle est la taille moyenne d'un élevage de vaches laitières en France ? 52 vaches laitières. On est bien loin du gigantisme dont certains parlent et qui n'est pas la réalité française ! Cela existe dans d'autres pays européens, dans d'autres continents mais en France, ce n'est pas le cas. Nous avons une agriculture de type familial avec des capitaux personnels. Et, c'est cette agriculture très diversifiée que représente la FNSEA et que nous voulons promouvoir.

Ces fermes géantes sont-elles un modèle pour vous ?

En France, il y a mille modèles. C'est notre originalité. Le bon modèle, c'est le modèle rentable quelle que soit la taille ! Nous avons en France, des exploitations de très petites tailles qui sont très efficaces. Nous avons de grandes exploitations qui le sont aussi. La compétitivité ne tient pas à la taille, il faut le dire une fois pour toutes. Je ne veux pas que soit amalgamé efficacité et taille. Je ne fais pas plaisir à tout le monde en disant cela. Je suis très ferme car c'est un cliché qui a été inculqué par certains militants et dans l'esprit de certains journalistes. La quantité et la qualité ne sont pas ennemies. Il est possible de produire beaucoup et correctement et mieux.

La situation est très difficile pour de nombreux agriculteurs. Combien d'exploitations sont en danger en France ?

Environ 30% des agriculteurs gagnent moins de 340 euros par mois. Il s'agit de chiffres de 2015 et les chiffres risquent d'être encore plus bas pour 2016. La meilleure aide qui puisse être faite pour les agriculteurs est d'acheter des produits français. Quand on nous demande tous les jours des produits beaux, sains, de qualités, tracés et que au même moment, le sport favori du samedi après-midi est de chercher les produits les moins chers, ça ne colle pas et nos exploitations sont en difficulté. Notre priorité est de redresser les prix pour les agriculteurs, qui aujourd'hui et pour beaucoup, travaillent en dessous de leurs prix de revient.

La grande distribution est-elle un partenaire ou un adversaire ?

Elle doit être plus partenaire. Avec certains grands distributeurs, nous arrivons à tisser des partenariats intéressants. Malheureusement et trop souvent, la lutte fratricide qu'ils se livrent pour conquérir des parts de marché conduit à tirer les produits vers le bas. Cette guerre s'est aggravée. Selon l'Observatoire du prix et des marges, il y a trois ans, pour 100 euros alimentaires achetés, 8,4 euros revenaient au producteur. L'an dernier, c'était 7,4 euros et cette année c'est 6,20 euros. Ce sont des prix toujours plus bas qui reviennent au producteur. On arrive aujourd'hui à un niveau où la production va disparaître. Nous lançons donc un SOS et un sauve-qui-peut très fort aux distributeurs mais aussi aux consommateurs pour changer ces pratiques d'achats.

L'élection présidentielle approche, plus d'un agriculteur sur trois se prépare à voter Marine Le Pen. Le comprenez-vous ?

Les agriculteurs sont en détresse et ils ont très peur de l'avenir. Un certain nombre de candidats surfent sur toutes les peurs et pas seulement sur les peurs agricoles. Nous voudrions des candidats qui nous parlent d'avenir, qui nous parlent d'Europe. Marine Le Pen fait partie de ceux qui surfent sur les peurs mais il n'y a pas qu'elle. Sur l'économie, on parle trop peu du chômage. Or, les industries agro-alimentaires et l'agriculture créent de l'emploi. Nous voulons plus et mieux d'Europe, et une autre PAC (une Politique Agricole Commune). Sortir de l'Europe serait pour nous un mauvais choix pour l'agriculture. Nous allons donc inciter les agriculteurs à aller voter.


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