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L'interview éco. Négociations "très tendues" entre l’industrie alimentaire et la grande distribution

Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), était l'invité de Jean Leymarie, lundi sur franceinfo, alors que les négociations entre l'industrie des produits alimentaires et la grande distribution débutent.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des produits alimentaires (Ania), sur franceinfo, le 13 février 2017. (RADIO FRANCE / CAPTURE D'ÉCRAN)

Le mois de février marque, chaque année, le retour des négociations entre l’industrie alimentaire et la grande distribution. Au cœur des discussions se trouve le tarif des produits vendus. Et cette année encore, les négociations sont "très tendues", a expliqué, lundi 13 février sur franceinfo, Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), qui représente 16 000 entreprises et plus de 400 000 salariés.

franceinfo : Comment se déroulent les négociations avec la grande distribution cette année ?

Jean-Philippe Girard : Cette année encore, c’est très tendu, à l’exception de certaines négociations. Certaines enseignes se comportent quelque part un peu mieux que l’an dernier, mais, globalement, c’est très tendu. Nous sommes pris en tenaille entre l’agriculture, des matières premières en forte hausse et des acheteurs de la grande distribution. Ces derniers demandent à la fois des déflations et des promotions supplémentaires.

Comment se passe, au quotidien, les négociations ?

Dans le concret, vous êtes chef d’entreprise d’une PME. Vous avez des produits à vendre, vous allez dans des bureaux et vous rencontrez des acheteurs. Vous arrivez bien sûr avec votre tarif qui tient compte de l’évolution des matières premières, de l’évolution salariale, de l’évolution des coûts de l’entreprise. En face de vous, des acheteurs qui font leur travail d’acheter le mieux possible. Aujourd’hui, les acheteurs ne tiennent même plus compte de cette réalité économique. Cela m’inquiète. Par exemple, le lait a progressé de 30% et les oranges de 50%. En face il y a des acheteurs qui disent : 'Ce n’est pas notre problème. On veut le même prix que l’an passé'. Nos entreprises, PME, grands groupes et toutes celles référencées à la grande distribution sont donc mis en danger. Même la stabilité des prix ne suffirait pas face à la hausse des matières premières et c'est inquiétant. Les grandes surfaces vont jusqu'à demander des déflations qui peuvent aller de 2 à 8%.

Si la grande distribution continue à exiger des baisses de prix, que ferez-vous ? Allez-vous réduire vos marges ou faire pression à votre tour sur les agriculteurs ?

Je suis à la tête de l’Ania depuis 3 ans et demi. C'est à peu près chaque année la même chose. Un ami me disait : 'Ce n’est plus une association annuelle, c’est un coût de rabot annuel'. En somme, chaque année, on vient et on perd des marges. C’est inquiétant pour l’emploi local et pour l’investissement local. Nous sommes l’emploi local. Cela nous amène, ensuite, à faire pression sur la matière première. Il faudrait un cercle plus vertueux. Il faut tenir compte de la réalité économique des produits, de la production, de la transformation et de la distribution. Aujourd’hui, on est un peu dans une cour d’école : 'C’est pas moi, c’est l’autre.' Je voudrais que l’on se mette autour d’une table comme on l’a fait la semaine dernière. C'était constructif. Il faut se poser les bonnes questions. C’est quoi le bon prix pour l’agriculteur ? C’est quoi le bon prix pour le transformateur ? C’est quoi le bon prix pour le distributeur ? Surtout, c’est quoi le juste prix pour le consommateur ?

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