Climat : le coût des dommages pourrait augmenter de 50% d'ici 2050, selon le réassureur CCR
Des dizaines de milliers de citoyens se sont mobilisé contre le changement climatique, vendredi. Le monde de l'assurance, lui, fait déjà ses calculs : les catastrophes naturelles vont coûter de plus en plus cher. Pour Bertrand Labilloy, directeur général de CCR, la prévention permet de "diminuer la facture".
Vendredi 15 mars, des milliers de jeunes ont défilé pour le climat, avant de nouvelles mobilisations prévues samedi. Le changement climatique a aussi un coût financier. Bertrand Labilloy, directeur général de CCR, groupe public de réassurance, invité de L'interview éco, constate une multiplication des phénomènes extrêmes : "On a eu trois années assez atypiques, avec une sinistralité très forte – plus d’un milliard d’euros en France. En juin 2016, il y a eu la crue de la Seine et de certains affluents. En 2017, le cyclone qui a touché les Antilles, notamment Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Et l’année dernière, une conjonction d’inondations et de sécheresse d’ampleur extrême."
D’après l’ONU, en vingt ans, les pertes financières dues aux catastrophes naturelles ont augmenté de 150%. Pour Bertrand Labilloy, cela est d’abord dû à "l’accroissement de la richesse, de l’activité économique, de la population et donc du taux de pénétration de l’assurance".
Les experts sont toujours prudents quand il s’agit de relier les catastrophes naturelles et le changement climatique. Mais "à l’échelle de la planète et sur le temps long, on voit bien le réchauffement climatique à l’œuvre, avec l’accroissement de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles".
Une population plus exposée aux catastrophes naturelles
Avec Météo France, CCR, groupe public, a essayé d’évaluer les pertes à venir, dues au changement climatique. « A l’horizon 2050, explique Bertrand Labilloy, on prévoit que, selon le scénario climatique central actuel, on aura une hausse (…) de plus de 50% du coût des dommages assurés." En partie à cause des catastrophes elles-mêmes et en partie "parce que les populations et les activités économiques se concentrent de plus en plus dans les zones les plus exposées, sur les littoraux et en région parisienne".
On a tous envie, en bord de mer, d’habiter les pieds dans l’eau (...) mais ça expose d’autant plus aux risques de submersion en cas de tempête ou en cas de cyclone
Bertrand Labilloy, directeur général de CCRà franceinfo
Sur les côtes, les pertes liées aux "submersions marines" pourraient augmenter de 82% ! D’après le directeur général de CCR, ce coût, "exponentiel, dépend vraiment de l’élévation du niveau de la mer ".
Des assurances plus chères
Que vont faire les assureurs ? "La question se pose, notamment aux Antilles, de savoir où on peut assurer les gens en fonction de l’endroit où ils habitent", explique Bertrand Labilloy.
Une chose est sûre : les assurances vont coûter plus cher. "Si vous payez aujourd’hui 20 ou 30 euros pour la partie catastrophes naturelles sur votre prime multirisque habitation, dans 20 ou 30 ans ça coûtera entre 30 et 40 euros."
Le directeur général de CCR insiste sur les mesures de prévention, pour limiter les dégâts liés au changement climatique : "C’est ça qui va permettre de diminuer la facture." Il s’agit par exemple d’avoir "les bons référentiels de construction" pour rendre le bâti moins vulnérable et d’avoir des ouvrages d’art "pour réguler les crues, notamment sur un fleuve comme la Seine".
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