Coronavirus : "Attention à ce que la crise sanitaire du coronavirus ne cache pas celle du renoncement aux soins", alerte le président du groupe mutualiste VYV
Pendant le confinement, de nombreux Français ont renoncé à se rendre chez le médecin ou à l'hôpital. "Nous le constatons à travers la tendance à la baisse de nos remboursements", explique Thierry Beaudet.
"Attention à ce que la crise sanitaire du Covid ne cache pas une autre crise sanitaire, celle du renoncement aux soins", a lancé aux pouvoirs publics Thierry Beaudet, le président du groupe mutualiste VYV. Comme beaucoup de professionnels de santé pendant la période du confinement, "nous observons des renoncements aux soins de nos adhérents et donc des Français", souligne l'invité éco de franceinfo, mercredi 29 avril. "Nous le constatons dans nos propres établissements et services de santé et également à travers la tendance à la baisse de nos remboursements", explique-t-il.
Des activités interrompues et une peur de la contamination
Le président du groupe mutualiste VYV y voit deux raisons. "Faute de masques, faute de dispositifs permettant d'accueillir les patients en toute sécurité, de nombreux professionnels de santé ont dû se résoudre à interrompre leur activité", comme certains chirurgiens-dentistes, masseurs kinésithérapeutes, médecins généralistes ou spécialistes.
La deuxième raison est que "les personnes qualifiées de fragiles, vulnérables, ont peur de sortir de chez elles, ont peur de se faire contaminer". Il cite notamment les "malades chroniques, les personnes avec un diabète, avec une hypertension qui ont des problèmes respiratoires chroniques". Elles "nécessitent un suivi régulier" car le risque est que leurs pathologies "s'aggravent". Il encourage donc les Français à "aller chez le médecin avant le 11 mai et après" pour se faire soigner.
Thierry Beaudet souligne également que la protection sociale mutualiste va avoir "besoin de soutiens financiers considérables pour que tous les établissements mutualistes puissent continuer à accueillir l'ensemble des Français" après la crise du Covid-19. "Il y a des activités qui sont interrompues, des activités qui sont fortement diminuées, précise Thierry Beaudet. Il y a des activités qui ont été déprogrammées pour accueillir des malades du Covid dans nos hôpitaux, dans nos cliniques mutualistes. Il y a des activités qui sont maintenues, mais avec des coûts supplémentaires. Je pense aux Ehpad, où il a fallu équiper les personnels".
Un système de santé à revoir
Le patron du groupe mutualiste VYV estime enfin qu'il va falloir revoir le système de santé "de manière très, très, très importante". "On a vu beaucoup de choses positives à l'occasion de la crise, explique Thierry Beaudet. On a vu des coopérations entre l'hôpital public et l'hôpital privé non lucratif, notamment des coopérations avec nos hôpitaux du groupe VYV.
On a vu des capacités d'adaptation formidables. On a su pousser des cloisons, ouvrir des lits de réanimation.
Thierry Beaudet, président du groupe mutualiste VYVà franceinfo
Mais Thierry Beaudet pointe aussi ce qui marche "beaucoup moins bien", comme "la difficulté de prise en charge des personnes fragiles, les malades chroniques, des personnes âgées à domicile ou dans les Ehpad". Il espère qu'il y aura une prise de conscience que "les Ephad n'ont plus rien à voir avec les maisons de retraite, qu'elles ne sont pas assez médicalisées, qu'on manque d'infirmières, qu'on manque de médecins". "Donc, la réforme du grand âge est de plus en plus nécessaire", ajoute Thierry Beaudet.
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