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Covid-19 : l’Académie de pharmacie redoute "des ruptures de stock" si l’épidémie continue

Allons-nous manquer de médicaments ? Selon Bruno Bonnemain, membre de l'Académie nationale de pharmacie, la pénurie n'est pas d'actualité. Mais la Chine est devenue le laboratoire du monde. Si la crise se prolonge, l'approvisionnement est menacé.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Bruno Bonnemain, invité éco de franceinfo le 27 février 2020. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

L’Académie de pharmacie tire la sonnette d’alarme. Elle redoute une "une grave menace sur la santé publique en France et en Europe". Invité éco de franceinfo jeudi 27 février, Bruno Bonnemain, membre de l’Académie, se fait plus précis : "ll n’y a pas de risque à court terme, mais si ça continue [l’épidémie de coronavirus Covid-19, ndlr], ça peut produire des ruptures de stock."

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Selon ce spécialiste, la chaîne d’approvisionnement des médicaments est en cause : "Nous sommes très dépendants de la Chine et de l’Inde pour les matières premières pharmaceutiques, explique-t-il. Cette situation qui dure depuis des années peut amener, en cas de crise, et c’en est une, à des ruptures d’approvisionnement de médicaments". 80% des principes actifs de nos médicaments sont produits hors de l’Union européenne.

Un phénomène ancien et grave

Dans les pharmacies, de plus en plus de médicaments sont indisponibles. "Le phénomène augmente d’année en année, confirme Bruno Bonnemain. L’an dernier, il y a eu entre 400 et 500 ruptures en France. Tous les types de médicaments sont concernés mais surtout les médicaments anciens et les médicaments dans des classes thérapeutiques essentielles : les anticancéreux et les antibiotiques". L’expert ajoute qu’"il y a eu des conséquences pour les patients".

Pourquoi les laboratoires ont-ils massivement délocalisé leur production ? "La première raison est économique, dit Bruno Bonnemain. A partir du moment où les génériques sont arrivés, il y a eu une baisse des prix très importante. Cette baisse, il fallait la compenser par une baisse des coûts de production." La deuxième raison, selon lui, est une raison d’environnement. "Les règles ont été de plus en plus strictes en Europe et ont contribué à la délocalisation en Chine ou en Inde". Mais pourquoi, alors, les gouvernements ont-ils laissé faire les industriels ? "Je ne sais pas", répond Bruno Bonnemain.

Relocaliser la production

L’Académie de pharmacie plaide pour une relocalisation de la production. "Certains pays, comme les États-Unis, ont commencé à le faire, explique Bruno Bonnemain. En Europe, il y a un mouvement dans le bon sens, mais il est très marginal par rapport à la masse des médicaments produits en Chine ou en Inde."

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