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Crise alimentaire : "Même sans les céréales ukrainiennes, on pourrait nourrir tous ceux qui ont faim", selon l’économiste Esther Duflo

La lauréate du prix Nobel en 2019 défend des solutions rapides pour éviter la famine. Et face à l'inflation qui sévit en France, elle défend la mise en place d'une nouvelle taxe "plus juste".

Article rédigé par franceinfo
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L'économiste Esther Duflot, invitée éco de franceinfo, vendredi 1er juillet 2022. (CAPTURE ECRAN / FRANCEINFO)

Comment éviter la famine ? La guerre en Ukraine aggrave la crise alimentaire, notamment en Afrique. La flambée des prix des matières premières rend certaines denrées inaccessibles. Invitée éco de franceinfo, vendredi 1er juillet, l’économiste Esther Duflo, professeure au MIT, et lauréate du prix Nobel en 2019, estime que "même sans les céréales ukrainiennes, on pourrait aujourd’hui nourrir tous ceux qui ont faim". "Il y a assez à manger dans le monde", assure-t-elle.  

"Les crises ne font que se cumuler d’une manière terrifiante pour certaines personnes", souligne la spécialiste du développement, qui imagine des solutions rapides à mettre en place.  

Pour lutter contre la famine, ce n’est pas la peine de déplacer de la nourriture. Il suffit d’envoyer aux gens de l’argent qu’ils sont capables de dépenser parfaitement bien.

Esther Duflo, professeure au Massachusetts Institute of technology

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L’économiste donne l’exemple du Togo : "Ça a été fait pendant le Covid. Le gouvernement du Togo a réussi à mettre en place en quelques semaines un système de transfert financier via les téléphones, très efficacement et très rapidement. Ce genre de système s’est bien développé pendant la pandémie et pourrait servir aujourd’hui à déployer des transferts financiers pour les populations qui en ont besoin".    

Pour une "taxe plus juste" en France

En France, pour atténuer la flambée des prix, le gouvernement propose de verser, à la rentrée, une somme de 100 euros, au moins, aux foyers les plus en difficulté. "Pour le coup, on peut penser qu’il vaudrait mieux une solution plus pérenne pour assurer un minimum de standard de vie pour les personnes les plus pauvres en France, avec des transferts sociaux financés par un impôt redistributif plus important", réagit la lauréate du prix Nobel.   

Selon elle, il vaut mieux "redistribuer qu’augmenter la masse totale" d’argent en circulation, notamment pour éviter une accélération de l’inflation. Esther Duflo imagine "une taxe plus juste et plus rationnelle sur les entreprises mais aussi sur les individus".      

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