Crise en Ukraine : "La guerre du gaz est lancée depuis plusieurs mois déjà", selon Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre Énergie & Climat de l'Ifri
Dans le conflit autour de l'Ukraine, le gaz joue un rôle important. Selon le spécialiste, il est "impossible" pour l'Europe de se passer du gaz russe.
Y aura-t-il une guerre en Ukraine ? Emmanuel Macron est à Moscou, lundi 7 février, pour rencontrer Vladimir Poutine et tenter d'amorcer une "désescalade". Invité éco de franceinfo, Marc-Antoine Eyl-Mazzega, spécialiste de géopolitique et d'énergie, explique le rôle que le gaz joue et va jouer dans le bras de fer entre la Russie et l'Europe. Selon lui, "c'est impossible", pour l'Europe, de se passer du gaz russe.
Le directeur du Centre Énergie & Climat de l'Ifri, l'Institut français des relations internationales, souligne la dépendance de l'Europe, dont "la Russie est le premier fournisseur" – plus de 40% du gaz importé dans l'Union européenne provient de Russie. Selon le chercheur, "ce sont les pays d'Europe centrale" qui ont le plus besoin du gaz russe, et surtout l'Allemagne, "le plus grand marché gazier en Europe, et le premier client de Gazprom, le monopole russe."
"L'Allemagne est le plus grand client des Russes."
Marc-Antoine Eyl-Mazzegasur franceinfo
Le spécialiste explique que "la guerre du gaz est lancée depuis plusieurs mois, si ce n'est plusieurs années, déjà", notamment "parce que la Russie limite ses approvisionnements."
L'Europe peut-elle se passer du gaz russe ? "C'est impossible, répond le chercheur. On devra s'en passer à très long terme si on vise la neutralité carbone en 2050. La question du climat est essentielle. Mais dans l'immédiat, dans les dix, quinze, vingt prochaines années, ce sera très difficile, parce que le gaz joue un rôle crucial. Ses émissions sont plus faibles que celles du charbon (…) et c'est une énergie très flexible, qui se stocke facilement."
Le chercheur rappelle que la Russie a déjà coupé le robinet du gaz, mais en partie seulement : "En 2009, l'Ukraine a été interrompue comme Etat de transit, pendant quatorze jours. Toute l'Europe était sidérée. Est-ce que ça va se reproduire ? Je ne sais pas, mais il y a évidemment de très grands risques à le faire."
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