Entreprise : après avoir frôlé la faillite, le groupe français de la métallurgie Vallourec a retrouvé un bel optimisme

En ce moment, c'est la saison des résultats et des bilans. Vendredi, nous découvrons l'entreprise Vallourec, groupe français leader mondial dans la métallurgie. Son PDG, Philippe Guillemot, nous en parle.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié Mis à jour
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Philippe Guillemot, PDG de Vallourec. (RADIOFRANCE)

Philippe Guillemot est le PDG de Vallourec. Ce groupe français de la métallurgie, plus précisément leader mondial des tubes sans soudure, est principalement tourné vers l'industrie pétrolière et gazière. Il publie ses résultats pour 2023, vendredi 1er mars. Après avoir frôlé la faillite Vallourec affiche un bénéfice net de 496 millions d'euros.

Philippe Guillemot : Tout est allé très vite. L'année 2023 aura été effectivement une année pivot, après de nombreuses années de grandes difficultés et un risque de disparition du groupe en 2021, nous avons désormais tourné la page du redressement et affichons les meilleurs résultats du groupe depuis 15 ans. Le bénéfice net frôle presque les 500 millions, après une perte qui était significative l'année dernière, du fait des charges de restructuration, puisque à mon arrivée, j'ai annoncé un plan qui a été assez drastique.

Quelle a été la stratégie ?

J'ai focalisé le groupe sur les produits à plus forte valeur ajoutée. Nous sommes à la pointe en matière de métallurgie et de connexion étanche au gaz et donc nous avons arrêté de vendre des produits de commodité. Et puis j'ai profondément revu l'empreinte industrielle.

"J'ai fermé une grande partie de nos usines en Europe, à commencer par les usines allemandes, tout simplement parce qu'il n'y a quasiment plus de marché pétrole et gaz en Europe."

Philippe Guillemot

à franceinfo

Aujourd'hui, il faut produire près des marchés. Dans notre cas, les États-Unis, le Brésil, et le Moyen-Orient.

Des fermetures de sites, cela veut dire des destructions d'emplois. Aujourd'hui, c'est terminé. Est-ce que vous allez embaucher à nouveau ? Et notamment en France ?

Ce qui reste en France aujourd'hui, c'est un centre de recherche et développement, qui est au cœur de la stratégie du groupe et deux sites industriels. Et aujourd'hui, nous embauchons, parce que nous avons des projets d'avenir. Par exemple, notre solution de stockage d'hydrogène vertical, qui est une première mondiale, nécessite des talents, des expertises. Et nous avons recruté quinze doctorants l'année dernière dans ce centre de recherche et développement.

Vous travaillez encore principalement aujourd'hui pour l'industrie pétrolière et gazière. Est-ce que vous arrivez justement quand même à séduire des jeunes qui sont parfois plus sensibles à cet enjeu de la transition écologique ?

Nous n'avons aucun problème pour recruter, parce que nous avons de très beaux projets.

"Aujourd'hui, notre objectif est d'avoir entre 10% et 15% de notre résultat avec des applications non fossiles."

Philippe Guillemot

à franceinfo

J'ai parlé d'hydrogène, mais il y a également la géothermie. Sur tous les projets européens de géothermie, nous sommes dessus. Et il y a également la séquestration du carbone puisque, comme vous le savez, une manière de décarboner l'économie, c'est de capturer et de séquestrer le carbone.

Et votre marché traditionnel, pétrole et gaz. Vous le voyez évoluer comment ?

Je pense qu'on a encore du revenu pour de très longues années. L'année dernière, on était à 102 millions de barils jour consommés dans le monde. Ça va encore augmenter cette année. Même si l'énergie complémentaire nécessaire pour faire face à la croissance de l'économie mondiale venait d'énergies non fossiles, on ne peut pas se permettre de réduire de manière violente la consommation d'énergies fossiles. Ceci étant dit, on voit ce mix évoluer. Moins de charbon, du pétrole et puis progressivement, de plus en plus vers le gaz.

Avec l'enjeu du réchauffement climatique, est-ce que ça a encore du sens de forer aujourd'hui ?

Un puits de pétrole produit de moins en moins avec le temps. Donc juste pour maintenir les 102 millions de barils jour, il faut continuer à investir. C'est ce qu'on appelle la déplétion. 

"Un puits de pétrole produit 5% à 8% de moins tous les ans, inexorablement. Et donc il faut de nouveaux puits pour ne serait ce que maintenir le niveau de production."

Philippe Guillemot

à franceinfo

Comment voyez-vous l'avenir à plus long terme de Vallourec ?

Vallourec doit d'abord continuer à générer du cash sur son cœur de métier, les tubes pour les applications pétrole, gaz et réinvestir ce cash sur des applications non fossiles, celles que j'évoquais tout à l'heure. Le stockage d'hydrogène potentiellement, c'est une brique qui manquait à la filière hydrogène. Quand vous produisez de l'hydrogène vert avec l'électricité qui est soit solaire, soit éolienne, elle est intermittente, donc si vous n'avez pas de solutions de stockage, le projet n'est pas économiquement viable. Avec cette solution, on rend ces projets économiquement viables.

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