Entretien des voitures électriques : "On a des marges un peu plus faibles, mais on apporte plus de services", assure Eric Terefenko, président de Speedy
La publicité vous reste dans la tête et si vous avez une voiture, vous êtes peut-être déjà allé dans un de leurs garages aux couleurs bleu et rouge. Il s'agit bien de Speedy, dont franceinfo reçoit mardi 17 octobre le président, Eric Terefenko.
Citroën sortira en 2024 son nouveau modèle électrique, la ë-C3. Renault a aussi lancé la R5 électrique, Peugeot sa 208. À l'heure de l'électrification des automobiles, les garages vont devoir adapter leurs personnels et leurs services, comme les installations de boîtiers bioéthanol.
franceinfo : L'électrification des voitures n'est-elle pas synonyme pour vous de manque à gagner, à anticiper ?
Eric Terefenko : Ce n'est pas un manque à gagner, c'est une nouvelle évolution. Cela fait 40 ans qu'on évolue tout le temps pour accompagner les Français, quel que soit leur véhicule, quelle que soit leur motorisation. L'électrique, c'est une évolution et on est plus que prêt !
Sauf qu'une voiture électrique, elle a moins besoin, paraît-il, de réparations qu'une voiture thermique.
Elle a besoin de prestations différentes. Effectivement, il y a moins de vidanges dans un véhicule électrique, c'est évident. Mais il y a toujours des pneus, une liaison au sol encore plus importante, une climatisation qui va devenir très importante. Il y a un nombre de prestations importantes. Il y a un vitrage, de la carrosserie et nous, on va adapter nos activités pour être capable de faire tout l'entretien de tous les véhicules.
Adapter vos activités et également former vos salariés ? Vous avez 1 375 salariés chez Speedy. Par exemple, est-ce que la révision d'un véhicule électrique est la même ?
La révision est un petit peu différente. C'est évident qu'on a dû former, depuis plusieurs années, nos salariés à être capables d'accueillir un véhicule électrique en toute sécurité, avec le même niveau de qualité.
"On a même appris à notre personnel à accepter culturellement le véhicule électrique. Quand on a des passionnés d'automobile à moteur thermique, il a fallu leur expliquer que le véhicule électrique peut être aussi un véhicule de passion."
Eric Terefenkofranceinfo
Mais ce que vous me dites, c'est qu'une voiture électrique n'a pas besoin d'aller moins souvent voir un garagiste qu'une voiture thermique.
Nos clients viennent nous voir pour les prestations, mais aussi parfois pour des diagnostics, pour des conseils. On a des bornes électriques pour qu'ils puissent recharger également. On offre la possibilité à nos clients de venir nous voir plus souvent. On s'adapte au cahier des charges constructeur pour toutes les marques.
En attendant que toutes les voitures soient électriques, le carburant lui, coûte de plus en plus cher. D'où les initiatives du gouvernement sous forme d'appels du pied à la grande distribution pour qu'elles vendent à prix coûtant. Total aussi a mis en place une ristourne à la pompe, avec un litre à moins de deux euros. De votre côté, vous avez décidé de subventionner des boîtiers bioéthanol. Pourquoi ?
Cela fait maintenant quatre ans que l'on installe des boîtiers bioéthanol. On en a installé plus de 12 000. C'est vraiment notre vocation d'apporter des solutions aux clients. Le véhicule électrique, c'est souvent des solutions pour demain ou après-demain. Le bioéthanol, c'est une solution immédiate pour des millions de véhicules essence, qui leur permet de réduire de moitié la production de CO2 et de réduire très sensiblement leur consommation de carburant. Donc avec une économie très substantielle.
Vous subventionnez ces boîtiers, avec une vraie ristourne chez vous. Avez-vous senti, pour le coup, un vrai filon ?
En fait, il y a une double volonté, c'est être écologique et c'est aussi nous démarquer de nos concurrents. Parce qu'on a le savoir-faire et qu'on a démarré très tôt.
Mais c'est aussi parce que vous voyez une demande qui a augmenté ?
Il y a eu une demande très importante en 2022. Elle a diminué, elle redémarre doucement, il faut être honnête, mais les conditions sont réunies pour que la demande soit à nouveau là, avec notamment le prix du carburant. On a l'offre, on a le savoir-faire et on fait un effort effectivement pour accompagner nos clients, avec une ristourne de 200 euros sur l'installation.
Avec l'inflation, la hausse des prix de l'entretien et de la réparation des services automobiles est de l'ordre de 7% sur un an, d'après l'Insee. C'est davantage que l'inflation moyenne des prix. Comment est-ce que vous l'expliquez ?
On a une volonté de continuer à installer des produits de qualité. Donc déjà, il y a une grosse partie qui est liée à l'augmentation des pièces et du prix d'achat des pièces détachées, des pneus, de l'ensemble des pièces. On a également une valorisation également de la main-d'œuvre, puisque nos personnels sont de plus en plus qualifiés. Donc on a augmenté les salaires et nos franchisés également suivent. Ceci dit, on reste avec des promotions très attractives et on fait très attention à offrir de la qualité au meilleur prix.
"Ce que l'on ne veut surtout pas, c'est que les clients commencent à retarder l'entretien du véhicule et mettent en danger et leur véhicule, et leur vie."
Eric Terefenkoà franceinfo
Vous dites que vous absorbez une partie de la hausse des prix sur vos marges, vous avez des marges plus faibles sur certaines prestations ?
On a des marges un peu plus faibles, mais on apporte plus de services, plus de diagnostics et on essaie d'apporter un service beaucoup plus complet à nos clients.
Le secteur du commerce et de la réparation automobile fait partie de ceux qui connaissent le plus de défaillances, de faillites, plus de 8 000 en un an. Vous constatez cela ?
Nous, on a 300 franchisés maintenant, en plus de nos 200 centres intégrés et on a très peu de défaillances. Mais on sent le besoin d'accompagnement des entreprises, surtout celles qui doivent rembourser des PGE [Prêt Garanti par l'État]. Et donc effectivement, il faut les accompagner. Il faut faire très attention à ce que l'ensemble de la filière puisse survivre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.