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Industrie : "En France, on a beaucoup de champions cachés !"

Président de la Fédération des industries mécaniques, Bruno Grandjean était l'invité jeudi de "l'Interview éco", par Jean Leymarie.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Bruno Grandjean, président de la Fédération des industries mécaniques. (RADIO FRANCE)

L'industrie doit se moderniser et l'Etat doit aider les PME, c'est ce que dit Bruno Grandjean, le président de la Fédération des industries mécaniques et l'Alliance industrie du futur, était l'invité de "l'Interview éco" jeudi 20 septembre. 

Le gouvernement relance ce que l'on appelle le sur-amortissement, un dispositif fiscal exceptionnel, pour les PME cette fois. Pendant deux ans, quand elles investiront dans les nouvelles technologies, elles seront aidées et accompagnées. Les investissements concernés touchent essentiellement à la robotique. "C'est un domaine où la France a un retard important face à l'Allemagne, mais aussi à l'Italie et à l'Espagne", souligne Bruno Grandjean.

franceinfo : Qu'est-ce que ces investissements peuvent changer dans la vie quotidienne des PME ?

C'est beaucoup plus de productivité, donc la conquête de nouveaux marchés. C'est plus de qualité aussi et donc la conquête de marché extérieur, à l'exportation, où la France a reculé terriblement depuis les années 2000.

Pourquoi l'industrie française a-t-elle pris autant de retard dans le numérique et l'automatisation ?

On a cru collectivement que les usines c'était fini. Or, les usines se sont ré-inventées et on est dans une société hyper-industrielle et non pas une société post-industrielle. La France a perdu 600 usines entre 2008 et aujourd'hui et celles qui restent se posent des questions. S'endetter, c'est quelque chose qui vous engage sur le long terme et donc en termes de compétitivité/coûts on est encore qu'à la moitié du chemin. On a des coûts élevés et des produits qui ne sont pas encore suffisamment compétitifs, des usines qui demandent d'être musclées. C'est une compétition mondiale. On joue la Coupe du monde en permanence face à des Italiens, des Allemands qui sont les meilleurs industriels au monde.

Que doit viser l'industrie française aujourd'hui pour rivaliser ?

Il faut viser le haut de gamme, mais il faut aussi être lucide. On peut monter en gamme sur des produits simples, perfectionner le banal. Vous avez en France des industriels qui sont exemplaires, qui ont perfectionné leurs process de production. Prenez Toyota à Valenciennes par exemple, il ne fait pas une voiture si haut de gamme que ça, c'est une Yaris, une voiture d'entrée de gamme, mais il l'a fait de manière excellente. Et donc monter en gamme dans nos process c'est quelque chose qu'on n'a pas compris et c'est sur ce sujet là qu'il faut mettre nos efforts. 

Est-ce à l'Etat d'intervenir et d'aider les entreprises pour qu'elles investissent là où c'est nécessaire ?

Nous on aurait préféré qu'on nous enlève ces taxes de production, parce qu'il faut savoir qu'on taxe les usines aujourd'hui en France. Le Premier ministre a dit que ce sujet serait d'actualité l'année prochaine, il nous propose une mesure de rattrapage, ponctuelle pour deux ans. Je pense que c'est une bonne décision. On aurait aimé qu'elle soit étendue aux ETI, qui sont le socle de l'industrie française. Mais ceci étant, la mesure est excellente et va permettre à beaucoup d'entreprises de prendre des risques et d'aller vers cette industrie du futur indispensable à la reconquête industrielle. 

Pensez-vous que l'industrie française peut encore rattraper son retard ?

On a des champions encore. On était chez Dassaut System qui est un peu le Microsoft de l'industrie, on a la filière aéronautique et beaucoup de champions cachés. On pourrait parler de cuisine Schmidt qui investit dans des usines ultra-modernes pour faire du personnalisé au prix de la grande série. On a en France une capacité de rebond. Je prend toujours cette comparaison avec le football : on était très mal face aux Allemands il y a quelques années, on a su revenir et gagner deux coupes du monde. Je crois que dans l'industrie on en est capable également. Ce qui manque, c'est d'attirer les talents. Ce qui est le plus pénalisant, c'est que les jeunes ne font plus le choix de l'industrie. Aujourd'hui, travailler dans une usine, c'est presque un gros mot, or elles se sont transformées. Montrer la réalité de nos usines et que les jeunes s'y investissent, c'est sans doute la clef. 

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