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Jean-Philippe Puig (Groupe Avril) : "Sur le plan économique, on a besoin d’un peu d’huile de palme"

Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril était l'invité de "L'interview éco", mardi 12 juin 2018 sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
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Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril sur franceinfo, le 12 juin 2018. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

À l’appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, le blocage des raffineries et des dépôts de carburant, entamé dimanche 10 juin 2018, s’étend. Malgré les mises en garde du ministre de l'Agriculture Stéphane Travert quant à "l'illégalité" du mouvement, 17 sites étaient bloqués en France mardi 12 juin. Faute d'accord avec le ministère de l'Agriculture, le blocus de raffineries et dépôts de carburant va continuer, a déclaré mardi la présidente de la FNSEA. Les deux organisations agricoles protestent contre l'importation de produits agricoles, en particulier l'huile de palme, qui ne respectent pas, selon elles, les normes françaises et européennes. Le groupe Avril est le premier producteur de biodiesel à base d’huile de colza et d’huile de palme. Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril (ex-Sofiproteol) était l'invité de "L'interview éco" mardi 12 juin 2018 sur franceinfo.

franceinfo : La production d'huile de palme détruit encore des forêts en Asie du sud-est. C'est un vrai problème.

Jean-Philippe Puig Je suis d'accord avec vous. D'ailleurs le groupe Avril a été un des premiers groupes industriels à prendre une position opposée à l'importation de l'huile de palme en Europe. Nous l'avons toujours. Simplement, nous jouons avec les règles européennes. Sur le plan économique, on a besoin, si on veut commercialiser le colza français, d'avoir un peu d'huile de palme. Par contre, un dialogue se joue demain au niveau européen pour décider si oui ou non, l'Europe va continuer à importer de l'huile de palme en masse sur l'ensemble de son territoire. C'est en ce moment un dialogue européen qui est capital. Nous avons pris position, il y a maintenant deux ans, en disant "n'importons pas la déforestation en Europe". Nous avons tout ce qu'il faut avec l'huile de colza et l'huile de tournesol pour faire du biocarburant en Europe.

Les agriculteurs dénoncent le groupe Total qui va importer de l'huile de palme pour sa future bioraffinerie à La Mède et défendent le colza français. Est-ce que vous les soutenez ? 

Oui mais ne nous y trompons pas. Le mouvement est un profond désarroi du monde agricole qui est soumis à des contraintes en France sur un certain nombre de produits. Ils sont très heureux d'ailleurs, dans le cadre des États généraux de l'alimentation, d'aller vers des produits de grande qualité pour maintenir un revenu qui permette aux agriculteurs de vivre. Ce qui est un état de fait, c'est que ces contraintes que nous avons en France ne sont pas les mêmes qui sont appliquées aux produits importés. Je dirais que le conflit de La Mède est juste celui qui a fait déborder le vase, c'est la goutte d'huile en plus. 

Il y a une autre manière de décrire cette histoire, c'est celle de la Confédération paysanne qui attaque le groupe Avril. "La FNSEA mobilise donc ses troupes pour défendre les intérêts du groupe Avril, concurrencé par le pétrolier Total, pour capter le marché des agrocarburants" dit-elle. Est-ce que vous poussez la FNSEA à manifester pour défendre ce marché ? 

Nous ne sommes pas la FNSEA. Nous sommes là pour défendre le monde agricole. Depuis 35 ans, nous sommes fondés par le monde agricole qui a cotisé pour faire notre groupe. Dans un modèle qui ne reverse aucun dividende à ses actionnaires puisque tout ce que gagne le groupe est réinvesti dans la filière. 

Est-ce que la concurrence de Total dans les agrocarburants vous fait peur ? 

Je suis très heureux que Total aille vers le biodiesel. Honnêtement, c'est une très bonne nouvelle que le monde pétrolier aille aussi dans ce domaine-là et il n'y a pas de mauvaises relations avec Total. Le sujet n'est pas entre Avril et Total. Le sujet est de trouver une cohérence dans le développement qui est bon pour Total mais qui doit également être bon pour la filière de biodiesel français, notamment celle qui utilise les graines françaises de colza et de tournesol. 

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