L'interview éco. STMicroelectronics, en danger il y a encore quelques mois, est "en train d'embaucher" à nouveau
Jean-Marc Chery, directeur général STMicroelectronics, était l'invité de Jean Leymarie, jeudi sur franceinfo, pour évoquer la situation de son entreprise, qui après une période difficile, commence à retrouver la croissance.
Il y a encore quelques mois, STMicroelectronics était en danger et a dû supprimer 1 400 emplois, dont un peu plus de 400 en France. Cependant, le groupe franco-italien, qui compte plusieurs usines dans l'Hexagone, commence à retrouver la croissance. L'entreprise a fait le choix de se développer dans l’automobile et les objets connectés. Son directeur général, Jean-Marc Chery, a même annoncé, jeudi 26 janvier sur franceinfo, que STMicroelectronics était "en train d'embaucher entre 200 et 250 personnes".
franceinfo : STMicroelectronics est-il tiré d'affaire aujourd'hui ?
Jean-Marc Chery : Se réinventer n'est pas un exercice facile. Effectivement, depuis 2012, la société a choisi une nouvelle trajectoire. Aujourd'hui, on est positionné sur tous les composants s'adressant à l'automobile. Nous fabriquons, par exemple, des processeurs qui reçoivent toutes les informations des capteurs d'images, des radars, des capteurs de mouvements, qui vont aider à la sécurité active du véhicule. Nous sommes au cœur des voitures.
Vous avez traversé un trou d'air. Quelle(s) erreur(s) avez-vous commise(s) ?
Je ne parlerais pas d'erreurs. Je parlerais plutôt d'adaptation. Vous savez que cette industrie est une industrie cyclique. Elle est extrêmement compétitive, notamment avec l'Asie et les États-Unis. Le marché bouge très vite.
Quand Emmanuel Macron était ministre de l'Économie, il vous a fait le reproche d'avoir trop pensé aux actionnaires et pas assez à la stratégie. Avec le recul, pensez-vous qu'il avait raison ?
Non, je ne poserais pas les choses comme cela. Si Emmanuel Macron avait fait cette communication, c'est que nous, peut-être, avions mal communiqué sur nos intentions.
Vous vous êtes désengagés du marché des décodeurs, n'était-ce pas une erreur ?
Non, pas du tout. Regardez ce qui se passe sur les décodeurs numériques avec Netflix, Apple TV, Google TV et les autres. Le marché est en train de se restreindre et les prix sont extrêmement tendus. Nous, on considère qu'on n'a pas de différenciation particulière sur ce marché. En revanche, sur les capteurs, les microcontrôleurs, les composants qui vont dans l'automobile, là, oui. Nous avons un positionnement compétitif. On peut faire la différence et on peut 'charger' nos usines, notamment celle de Crolles en Isère.
STMicroelectronics compte encore 11 000 salariés en France et beaucoup d'entre eux se posent des questions. Que va devenir le site de Rousset, près d'Aix-en-Provence ?
Le site de Rousset, aujourd'hui, est saturé à 100% de sa capacité. Il est positionné sur les microcontrôleurs, qui sont notamment au cœur de l'Internet des objets et de l'automobile. Donc, l'avenir est assuré.
Qu'en est-il du site du Mans, qui était spécialisé dans les décodeurs ?
C'est un très bon exemple de la capacité de la compagnie à faire des repositionnements industriels massifs. Aujourd'hui, les équipes du Mans sont positionnées sur les microcontrôleurs destinés à l'automobile. C'est un marché en pleine croissance. Quant aux 400 suppressions de postes, il s'agit de départs volontaires. Il faut relever qu'un pourcentage important concerne des départs en retraite. En ce moment, on est en train d'embaucher entre 200 et 250 personnes.
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