L'interview éco. Tom Boothe (La Louve) : "Tout ceux qui utilisent le supermarché sont des coopérateurs"
Tom Boothe, président et cofondateur de La Louve, un supermarché coopératif et collaboratif, était l'invité de Jean Leymarie sur franceinfo vendredi 11 novembre.
Un supermarché coopératif et collaboratif, La Louve, va bientôt ouvrir ses portes dans le 18e arrondissement de Paris. En clair, les clients vont aussi gérer ce magasin de 1 500 m². Le concept est importé des États-Unis. Le président et confondateur, Tom Boothe, a détaillé ce concept sur franceinfo vendredi 11 novembre.
franceinfo : Un magasin coopératif, c’est quoi pour vous ?
Tom Boothe : Il y a deux aspects : tout ceux qui utilisent le supermarché sont des coopérateurs. Ils achètent des actions dans la coopérative. En même temps ils participent au fonctionnement du magasin. Toutes les 4 semaines ils viennent faire la caisse, la manutention, le nettoyage, les tâches administratives. Pour nous ça approfondit le sens de coopération ce n’est pas juste le sens de capital, c’est un vrai sens de propriété du supermarché.
Combien de coopérateurs ?
On vient juste de dépasser les 3 000.
Quelles-sont les conditions d’adhésion ?
Il faut acheter un minimum d’actions de 100 euros, 10 euros si on est bénéficiaire des minimas sociaux.
Etes-vous sûrs que ces participants sont prêts à participer, à tenir les rayons et à passer l’aspirateur ?
En fait ce n’est pas compliqué de travailler dans un supermarché. La caisse on peut l’apprendre, la mise en rayon ce n’est pas super compliqué. On a bien établi dans ce projet un esprit où on a pas peur si tout n’est pas parfait, mais on se lance quand même. C’est un esprit où on apprend par nos erreurs.
Mais quelle est leur motivation ?
C’est très divers parce que nos membres sont très divers. Notre modèle nous permet de proposer des produits de qualité à des prix très intéressants. C'est parfois quasiment le même prix, parfois 30% moins cher. Certaines choses qu’on conditionne nous-même sont jusqu’à 80% moins cher. Mais pour la plupart, la motivation, c’est la convivialité et la fierté de monter quelque chose qui est à nous. On ne passe pas par un intermédiaire qui décide ce que l’on mange.
Que va-t-on qu’on va trouver dans les rayons ?
On peut faire toutes ses courses. C’est entre 3 000 et 4 000 produits, beaucoup de choses en bio, en artisanal, haut-de-gamme, gourmet mais aussi des choses conventionnelles, moins chères, c’est une gamme assez complexe.
Quelle est la marge que vous allez dégager ?
La majoration que l’on applique, c’est 20% unique sur tous les produits. C’est très très bas pour un supermarché. C’est démocratique, c’est transparent pour tout.
Que ferez-vous des bénéfices ?
Si on arrive un jour à avoir des bénéfices, on réinvestit tout dans le magasin. Et si on a tout réinvesti à notre satisfaction, on réinvestit dans le quartier.
Est-ce que vous espérez ouvrir d'autres magasins ?
Ce n’est pas possible dans notre modèle. Il faut que ce soit les gens du quartier qui montent un projet. Une quinzaine de projets partout en France nous a contacté pour essayer la même chose. Il y en a quelques uns qui sont assez loin dans le chemin : Lille, Bordeaux, Grenoble... Ils s’intéressent au modelèle mais c’est à eux de le monter.
Quelles sont les conditions économiques pour que ça marche ?
Il nous faut un certain montant de coopérateurs qui dépensent un certain montant par mois. Dans notre business plan c’était autour de 2 000 qui dépensent 180 euros par mois. On est à 3 000 maintenant donc on est optimistes, sans être trop optimistes.
Pourquoi ce nom, "La Louve" ?
La louve est un animal qui représente l’esprit de coopérative des consommateurs du XIXe siècle, qui est tout à fait pertinent aujourd’hui. C’est la motivation de se protéger, un animal à la fois nourricier et protecteur.
Se protéger de qui ?
Des forces capitalistes dans la grande distribution.
Tom Boothe (La Louve) : "Dans notre supermarché... par franceinfo
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