"L’an dernier, la consommation de vin bio a augmenté de 21% !", selon Florent Guhl, directeur de l'agence bio
Florent Guhl, directeur de l'agence bio, était l'invité de l'interview éco vendredi sur franceinfo.
Alors que les foires aux vins ont commencé partout en France, Florent Guhl, le directeur de l'agence bio, est revenu vendredi 28 septembre sur le succès des vins issus de l'agriculture biologique.
franceinfo : Les vins bio ont une place très importante dans les rayons cette année, souvent plus de 10% de l'offre. Est-ce que c'est une mode ou une simple révolution?
Florent Guhl : Nous ne sommes plus du tout dans un phénomène de mode. L'an dernier, la consommation de vin bio a augmenté de 21%, à la fois sur la consommation des Français mais aussi à l'export. Pratiquement la moitié des vins bio produits en France sont exportés en Europe et dans le reste du monde.
Comment peut-on expliquer cet essor ?
Il y a trois éléments principaux qui motivent la consommation de produits bio : d'abord la santé, ensuite les questions d'environnement, et enfin la question de la qualité des produits. Et il est vrai que les vins bio sont en train de rattraper les vins classiques sur ce point-là. Sur les études à l'aveugle auprès de consommateurs, on voit que les vins bio se classent aussi bien que des vins conventionnels. Il y a aussi un côté plus "naturel" qui convient à beaucoup de consommateurs, comme le fait d'avoir moins de sulfites dans les vins. Et puis il y a des vins bio de garde, que l'on peut garder de la même façon qu'un vin classique.
Il reste la question du prix : est-ce que le vin bio reste plus cher que les autres ?
C'est un produit qui est plus cher à produire, puisqu'il y a plus de main d'œuvre, plus de travail sur la vigne, même s'il y a aussi moins d'utilisation de produits et donc moins de coûts dans ce domaine pour le viticulteur. On se retrouve donc avec des bouteilles de vins bio qui sont souvent 10 à 20% plus cher que du vin conventionnel. Ça reste un frein à la consommation. Sur le vin, la consommation a baissé depuis quelques années : en France en 1975, on consommait environ 100 litres par an et par habitant. Aujourd'hui, on est à moins de 50 litres. Il y a moins de consommation mais on va plus vers de la qualité, et le bio fait partie de ce mouvement.
Qui boit du vin bio ?
Il y a des consommateurs un peu nouveaux, notamment dans les gens qui débutent la consommation de boissons alcoolisés, qui ont une vingtaine d'années et qui aiment faire ce lien avec les questions de santé et d'environnement. On a une consommation un peu plus féminine, et surtout au restaurant, ou dans un cadre "social". La moitié des produits bio vendus en restaurant est du vin.
Aujourd'hui, 10% du vignoble français est bio, ou est en train de le devenir, et les conversions s'accélèrent. Où en est-on de ce côté?
Fin 2017, nous avions presque 9 000 agriculteurs qui travaillaient en bio. Sur les surfaces qui existent aujourd'hui en bio, 20% sont en conversion, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas encore atteint les trois ans nécessaires pour obtenir la certification. Pendant cette phase, le viticulteur se plie au cahier des charges de l'agriculture biologique : il arrête d'utiliser des pesticides de synthèse mais va se servir par exemple de la "bouillie bordelaise".
Justement, est-ce que l'on va toujours pouvoir l'utiliser? Car elle contient du cuivre...
Même en bio, elle est très cadrée. Aujourd'hui, la limite est à six kilos par an et par hectare, mais pour les viticulteurs qui sont sur la façade atlantique et qui sont exposés au mildiou, c'est compliqué de travailler sans.
À propos du mildiou : est-ce qu'il y a eu beaucoup de pertes cette année?
Les rendements ont été beaucoup plus faibles, y compris dans le Sud-Est car il y a eu beaucoup de pluie jusque fin mai. Et cela s'ajoute au fait que, par principe, le rendement à l'hectare est beaucoup plus faible pour les vins bio.
La loi Alimentation va être votée dans quelques jours. Est-ce que l'on peut dire que les viticulteurs passés en bio s'en sortent mieux que les autres ?
C'est vrai que la situation est meilleure dans le bio au niveau de la rémunération des viticulteurs. Il faut maintenir cela en ayant une relation commerciale plus forte. Plus de 40% du vin bio se commercialise en direct, et les supermarchés ne dépassent pas 20%.
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