Montagne : "Le ski n'est pas mort du tout. On en a encore pour quelques décennies", assure le directeur général de la Compagnie des Alpes
Les vacances de fin d'année commencent vendredi soir et pendant deux semaines. La Compagnie des Alpes, qui opère dix domaines skiables en France, dont Tignes et la Plagne, possède aussi le parc Astérix et le Futuroscope. Dominique Thillaud, son directeur général, vient parler des bons résultats du groupe, qui ont été publiés en début de mois.
franceinfo : Vous opérez dix domaines skiables en France dont Les Arcs, Val d'Isère, Tignes, La Plagne. Comment se profile cet hiver ? Où en sont les réservations ?
Dominique Thillaud : Cette année, les réservations ont été faites plus en avance que d'habitude et donc elles sont très bonnes pour la totalité de la saison, hormis la fin où il y a encore un peu de disponibilité.
Comment expliquez-vous que les gens s'y soient pris à l'avance ?
Je crois qu'il y a un appétit fort, une envie de montagne, l'envie de se sortir peut être du quotidien et d'aller vivre une expérience incroyable.
Année après année, on parle du manque d'enneigement, des prix qui flambent. Les stations de moyenne montagne se demandent parfois si ça vaut le coup de continuer à investir dans des installations coûteuses. Et quand on regarde vos chiffres, c'est comme si toutes ses inquiétudes s'évanouissaient : un chiffre d'affaires à un demi-milliard d'euros sur un an pour les domaines skiables, + 5% sur un an. C'est grâce à la clientèle étrangère notamment ?
C'est grâce à l'expérience de tous les acteurs de ces domaines de haute altitude qui travaillent ensemble pour fournir une expérience incroyable. C'est beaucoup d'investissement de notre part : l'accueil, le sourire, à l'école de ski, à l'hôtel ou dans l'hébergement, aux remontées mécaniques. C'est l'équipe et c'est la situation géographique.
Aujourd'hui, le ski, c'est en haute montagne, avec de bonnes installations ?
Non, il y a aussi d'autres domaines plus bas. Mais il y a un erratisme sur l'enneigement en basse et moyenne montagne qui est peut-être un peu plus fort qu'il ne l'a été il y a quelques décennies. Mais évidemment, l'expérience reste incroyable sur les domaines de haute altitude.
Le ski n'est donc pas mort ?
Ah non, le ski n'est pas mort du tout. En tout cas, en ce qui nous concerne, on en a encore pour quelques décennies. Et on fait des efforts aussi à notre mesure, pour réduire notre empreinte carbone, sans compensation je le précise, de manière pérenne, mesurée et mesurable.
Le fait qu'il y ait moins de neige en moyenne montagne, et qu'il y ait des stations qui ferment, fait-il venir plus de monde en haute montagne ? De plus, on voit que les dépenses par personne qui viennent dans vos stations a augmenté sur un an.
D'abord, il y a eu un phénomène d'inflation qui fait que les prix ont monté. Il y a un certain nombre de skieurs qui doivent se repositionner sur des domaines d'altitude, notamment des étrangers avec un fort pouvoir d'achat. Mais on n'a pas de baisse relative de la clientèle française. Chaque station a un peu ses spécificités, en termes de typologie de clientèle, et tout le monde est content.
La Compagnie des Alpes possède également le parc Astérix et le Futuroscope, qui résistent bien. Le parc Astérix conforte sa deuxième place derrière Disneyland avec 2,8 millions visiteurs sur un an. Un record alors que vous n'avez pas du tout été servis par la météo, cette année.
Oui, nous investissons beaucoup pour avoir là aussi des attractions quasiment uniques au monde. Elles sont d'ailleurs reconnues par nos pairs, par différents prix internationaux. Nous investissons beaucoup pour la qualité de l'accueil et la qualité du service dans les parcs.
Mais quand il pleut, les clients viennent moins.
Oui, il ne faut pas se leurrer, c'est surtout l'hiver dernier et le printemps dernier qui ont été extrêmement pluvieux. En dépit de ça, quand on a un produit et qu'on investit massivement, le client le voit. On investit encore plus que l'année dernière, en France, mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas et aussi en Rhône-Alpes, avec Walibi Rhône-Alpes, on a investi massivement, toujours pour avoir une expérience de Noël qui soit la plus incroyable possible.
Autre investissement cette année du groupe, ce sont les activités d'intérieur citadines, avec l'acquisition de Urban, leaders du Urban Soccer et de l'Urban Paddle, sorte de tennis qui cartonne. Pourquoi cette acquisition?
Ce qui fait notre raison d'être, ce sont les loisirs réels qu'on vient faire entre famille, collègues, ou amis. Et on retrouve bien ces créateurs de lien social avec une identité de clientèle. Parce que beaucoup de clients d'Urban Paddle ou de foot à cinq sont aussi clients du ski et/ou de nos parcs d'attractions. Et c'est ça qui nous a amenés à nous développer dans ce segment-là.
Et c'est aussi pour avoir des activités d'intérieur moins dépendantes de la météo ?
Il y a une partie extérieure aussi dans le football à cinq et puis dans le paddle, mais c'est plus récurrent sur l'année aussi. Et donc ça permet de faire des ventes croisées entre nos différents métiers.
La diversification s'arrêtera là pour le groupe ?
On ne le voit pas nécessairement comme une diversification, puisque ça reste des "loisirs réels" qui créent du lien social. Et donc vous pouvez aller dans un sens Urban Soccer, Urban Paddle et vous verrez, il y a toutes les catégories socioprofessionnelles comme on le retrouve dans les parcs, comme on le retrouve dans le ski. C'est un lieu d'échange social et j'allais dire de paix sociale, où on se ressource.
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