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"Pendant la crise, les milliardaires ont capté 3 600 milliards d'euros de richesse supplémentaire" selon l'économiste Lucas Chancel

Un rapport sur les inégalités souligne que les 10% les plus riches captent à eux seuls plus de la moitié du revenu de la planète. Au niveau du patrimoine, les 10% les plus riches détiennent jusqu'à 76% des richesses mondiales. Mais ce n'est pas une fatalité, selon l'économiste Lucas Chancel.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Lucas Chancel, coordinateur d'une étude mondiale sur les inégalités, était l'invité éco de franceinfo le 7 décembre 2021. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

La pandémie de Covid-19 a encore accentué les inégalités de revenu et de patrimoine, souligne Lucas Chancel, codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales qui publie un nouveau rapport mardi 7 décembre. Une hausse des inégalités "alors que l'économie était exsangue et les pouvoirs publics obligés d'injecter de l'argent pour porter à bout de bras des pans entiers de l'économie", explique l'économiste, invité éco de franceinfo mardi 7 décembre. "Non seulement les inégalités se sont creusées depuis les années 80 -  quand on regarde le patrimoine c'est assez clair, il y a ce décrochage des multimillionnaires, des milliardaires - mais il y a aussi un effet très spécifique pendant la crise. Pendant la crise, les milliardaires de ce monde ont capté 3 600 milliards d'euros de richesse supplémentaire", souligne Lucas Chancel

Le rapport fait notamment le lien entre richesse et pollution. Les pays les plus riches sont aussi ceux qui émettent le plus de CO2. C'est vrai aussi au sein d'un même pays. Ainsi, les principaux émetteurs de la planète sont les ménages les plus riches aux États-Unis, avec 73 tonnes de C02 par an alors que la moyenne mondiale est de 6,6 tonnes par an et par personne. Lucas Chancel croit en une fiscalité verte, mais différente de celle qui avait engendré le mouvement des "gilets jaune", une fiscalité qui prenne en compte les inégalités. 

Une fiscalité plus juste et plus écologique

L'Europe est la région la moins inégalitaire au monde. Les 10% les plus riches captent 36% du revenu national total contre 58% au Moyen-Orient. Ce sont les effets de la redistribution, explique Lucas Chancel : "Jusqu'à présent l'Europe a réussi à préserver un modèle social, c'est-à-dire des services publics qui permettent au plus grand nombre d'accéder à l'éducation, à la santé ou à la culture. Mais comment la financer ? On remarque que les plus aisés parmi les plus aisés contribuent de moins en moins au financement de cet impôt  et ça pose des questions de justice fiscale." 

"Il faut taxer davantage ceux qui investissent  dans les entreprises polluantes, pas seulement les consommateurs."

Lucas Chancel, Laboratoire sur les inégalités mondiales

à franceinfo

Faut-il rétablir l'ISF ? Plutôt la moderniser selon Lucas Chancel, qui préconise une nouvelle fiscalité sur les plus riches "en fonction de la pollution associée à tel investissement".

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