Planification écologique : la géographe Magali Reghezza-Zitt attend un "Etat stratège"
Pour la spécialiste du climat et de l'adaptation, le nouveau gouvernement doit avoir agir comme un "chef d'orchestre".
La nouvelle Première ministre est officiellement chargée de la planification écologique. Elisabeth Borne a réuni son gouvernement, aux côtés du chef de l'Etat, pour un premier conseil des ministres, lundi 23 mai. Invitée éco de franceinfo, la géographe Magali Reghezza-Zitt, membre du Haut Conseil pour le climat, attend maintenant "un Etat stratège".
Le climat, explique-t-elle, doit être présent dans toutes les politiques, car "il va toucher aussi bien notre vie quotidienne, notre logement, notre pouvoir d'achat, l'agriculture, l'école, la formation" : "Il faut un pilote fort", insiste-t-elle, "un chef d'orchestre capable de centraliser", avec une "vision stratégique".
Des solutions globales
La géographe donne l'exemple d'un domaine central, le bâtiment, qui est "un gros secteur d'émissions" de gaz à effet de serre : "On sait aujourd'hui que quand on va rénover le bâti, on va baisser les émissions, et on va en même temps adapter le bâtiment à la canicule, à la sécheresse. Et puis derrière, on va pouvoir travailler sur la vie quotidienne dans la maison. On va faire plus de mixité, mener une action sur le bien-logement, le bien-être, le confort". À l'inverse, la spécialiste met en garde contre ce que le Giec appelle des "mal-adaptations", de fausses bonnes idées pour adapter nos économies et nos sociétés à la crise climatique.
On ne peut pas se contenter de rustines, on ne peut pas se contenter de solutions qui repoussent le problème dans le temps.
Magali Reghezza-Zitt, membre du Haut Conseil pour le climatsur franceinfo
Le cas des "bassines", utilisées en agriculture en est, selon elle, un bon exemple. Ces bassins de rétention d'eau, réclamés notamment par la FNSEA, permettent d'irriguer les cultures en cas de sécheresse : "Vous allez construire une infrastructure qui va permettre de gagner un peu de temps, mais qui va avoir beaucoup d'émissions, qui va avoir des impacts très négatifs sur la biodiversité. Or, on sait aujourd'hui que si on ne protège pas la biodiversité, par effet boomerang, on va non seulement augmenter le changement climatique, mais aussi avoir de grosses conséquences pour ces mêmes agriculteurs."
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