Cet article date de plus de cinq ans.

Pour l’économiste Stefanie Stantcheva, "c’est très important d’écouter plus les gens"

L'économiste française, professeur à Harvard, veut entrer "dans la tête des gens". Pour mieux comprendre la perception de la fiscalité, et rendre cette dernière plus juste. 

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Stefanie Stantcheva, professeur d'économie à Harvard, le 3 septembre 2019 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

A quelles conditions sommes-nous prêts à payer des impôts ? Depuis le mouvement des "gilets jaunes", cette question est encore plus cruciale. L’économiste Stefanie Stantcheva, professeur à Harvard, est une des meilleures spécialistes mondiales de la fiscalité. Avec ses collègues, elle étudie les ressorts du rejet ou de l’adhésion à l’impôt. Pour elle, "c’est très important d’écouter plus les gens". Pour améliorer la fiscalité, selon elle, "il faut entrer dans la tête des gens pour comprendre ce qui n’est pas visible dans d’autres données".  

"Je ne le dis pas de façon idéaliste ou romantique", explique-t-elle, "mais comme un vrai outil de recherche ou de politique. Il faut faire beaucoup plus d’enquêtes de grande envergure pour comprendre quelles sont les perceptions des gens."  

Des chiffres et "des perceptions"

La Française a donc mené des enquêtes, en ligne, dans plusieurs pays dont la France. Elle constate de grands écarts entre la perception que les citoyens ont de leur situation, et la réalité de leur situation.

"Les gens ont une assez fausse perception de la mobilité sociale, explique-t-elle. En Europe, en général, et en France en particulier, les gens sont trop pessimistes sur l’égalité des chances. On pense qu’il y a moins de chances de s’en sortir si on vient d’un milieu défavorisé. Aux Etats-Unis, c’est tout à fait le contraire. Les gens sont trop optimistes sur ce rêve américain, sur leurs chances de s’en sortir s’ils viennent d’un milieu défavorisé."  

Cette perception influence directement le soutien ou le rejet de la politique fiscale : "Si on pense que le système fiscal est juste, on est beaucoup plus prêt à payer ses impôts. Tout le défi est de comprendre ce qu’on perçoit comme juste."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.