Prix de l’énergie : "Cet hiver sera un véritable défi", selon Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie
Fatih Birol salue la décision allemande de sortir du charbon, "le plus gros problème aujourd'hui", dès 2030. Mais il estime que ce retrait, combiné à la sortie du nucléaire, va fragiliser la première économie de la zone euro.
Les prix de l’énergie vont-ils finir par baisser ? Après l’envolée des derniers mois, la question reste entière. Invité éco de franceinfo, Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), estime que "cet hiver sera un véritable défi", même si, selon lui, "une fois l’hiver passé (...), on va peut-être voir un ralentissement dans cette envolée des prix".
Pour le directeur de l’AIE, "il y a suffisamment de pétrole et de gaz dans les pays producteurs, mais ces pays, comme la Russie et l’Arabie saoudite, gardent leurs réserves, ne les mettent pas sur le marché et créent des tensions sur le marché. Ça fait flamber les prix". Fatih Birol espère que la production en hausse aux Etats-Unis au début de l’an prochain "ralentira les choses".
Une Allemagne sans nucléaire et sans charbon : "Un défi !"
En Allemagne, la nouvelle coalition SPD-Verts-libéraux vient d’annoncer que le pays sortirait du charbon plus tôt que prévu : en 2030 au lieu de 2038. Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie salue la décision allemande d’accélérer la sortie du charbon : "Le charbon est le plus gros problème aujourd’hui". Mais cette sortie va se combiner avec le retrait allemand du nucléaire, et Fatih Birol redoute que la première économie européenne en sorte fragilisée : "Cela va faire porter un fardeau au système électrique allemand".
Ce sera difficile pour le nouveau gouvernement allemand de sécuriser l’approvisionnement énergétique et, dans le même temps, d'éviter trop de tension sur les prix.
Fatih Birol, directeur de l'Agence internationale de l'énergiesur franceinfo
La France, elle, fait un autre choix. Emmanuel Macron a récemment annoncé un nouveau programme nucléaire, en parallèle des nouvelles énergies renouvelables. "Garder le nucléaire est la bonne décision", selon Fatih Birol. Plus globalement, le patron de l’AIE estime que "la solution est de continuer à pousser des options propres pour l’électricité, pour réduire notre dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz : plus de solaire, plus d’éolien, plus de nucléaire, voilà la solution du problème auquel nous sommes confrontés !"
Fatih Birol adresse aussi un message aux investisseurs : "Le futur de l’énergie doit être propre. Ceux qui investissent dans le combustible fossile vont peut-être le regretter à l’avenir et perdre de l’argent. Ceux qui investissent dans les sources d’énergie propres vont sans doute gagner de l’argent à l’avenir".
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