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Santé connectée : Eric Carreel (Withings) veut "accompagner les maladies chroniques"

Eric Carreel, fondateur de Withings, était l'invité de l'interview éco mardi 5 juin sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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Eric Carreel, fondateur de Withings, le mardi 5 juin sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

La société Withings fêtera son dixième anniversaire le 18 juin 2018. Depuis sa création, elle a commercialisé un pèse personne, un cardiomètre ou encore un tensiomètre, tous connectés aux smartphones. Le 26 avril 2016, le finlandais Nokia la rachète, avant de jeter l'éponge en mai 2018. Eric Carreel, l'un des fondateurs de Withings, revient alors aux commandes.

franceinfo : Vous rachetez votre propre entreprise. Que s'est-il passé pendant ces deux ans?

Eric Carreel : Nokia a essayé de se diversifier dans un secteur qui était nouveau pour elle, mais elle a décidé récemment de se rencentrer sur son métier d'origine, à savoir les équipements de réseaux de télécommunication.

Mais pourquoi est-ce que Nokia a échoué dans ce domaine de la santé?

Je ne pense pas que l'on puisse parler d'échec. Je pense que pour acquérir un nouveau métier, il faut plus que deux ans. Ils ont décidé de se recentrer sur leur métier, et il y avait une opportunité nouvelle pour moi de revenr à cette entreprise que j'aime beaucoup.

Vous aviez vendu Withings 170 millions d'euros. Combien l'avez-vous rachetée? On parle de 30 ou 40 millions. Est-ce que l'on peut dire que c'est une bonne affaire?

C'est un secret d'affaire, je ne donnerai pas de chiffres.

Est-ce que la santé connectée a vraiment de l'avenir? Il y a quelques années, vous nous aviez déjà dit que tous nos appareils seraient connectés. Où en est-on? 

J'en suis convaincu. Il y a eu une première vague qui était plutôt sur le "bien-être", et on est en train d'entrer dans un accompagnement de la santé. Au départ, les utilisateurs ont apprécié de pouvoir par exemple se peser et d'avoir une courbe de poids dans leur poche, sur leur téléphone. Pour la première fois, on a eu des utilisateurs qui nous ont avoué que cela les aidait pour leurs problèmes d'obésité, pour apprendre à marcher plus avec une montre connectée, ou pour suivre leur tension et partager les informations avec leur médecin.

À partir de là, on s'est dit qu'il y avait un nouveau sujet, mais le corps médical n'était pas complètement impliqué dans tout ça car c'était nouveau pour eux. Mais aujourd'hui, la santé est en train de se réunifier. Suivre un certain nombre de nos paramètres de santé à la maison a du sens pour chacun. On est absolument pas dans le gadget. L'expérience montre qu'une mesure de poids qui vous donne une courbe aide à atteindre son objectif de poids, idem pour le nombre de pas.

 Est-ce que ce marché décolle aujourd'hui?

Oui le marché décolle et ce qui est intéressant, c'est qu'une majorité des produits sont encore utilisés quotidiennement, même huit ans après, ce qui est très rare dans l'histoire de l'électronique. 80% des pèse-personne que nous avons vendu au tout début de Withings sont encore utilisés aujourd'hui.

Quels sont vos objectifs de vente ? Comment va la société?

Elle a perdu pas mal d'argent ces derniers temps. Il y a eu un changement de marque, qui a été assez compliqué. Nous avons un premier objectif qui est de ramener la société à l'équilibre, ce qui va nous occuper les six à huit prochains mois. Et nous avons notre objectif qui est d'aller au plus profond de notre ADN, c'est à dire d'avancer encore plus dans l'accompagnement des personnes, soit par la prévention santé, soit par l'accompagnement des maladies chroniques. C'est un sujet un peu nouveau, que l'on avait initialisé il y a deux ans, et qui demande énormément de travail car il faut entrer en contact avec les hôpitaux, les organismes de sécurité sociale ou d'assurance pour entrer dans des programmes de cofinancement. Ça demande aussi de rentrer en contact avec les organismes de qualification.

On parle en ce moment d'une grande réforme de la santé. Vous espérez trouver votre place là-dedans?

C'est une opportunité pour nous car chacun maintenant comprend que suivre sa santé ne se fait pas uniquement à l'hôpital, mais aussi dans notre vie quotidienne. 

Vous utilisez des données de santé. Lesquelles précisément ? Qu'est-ce que vous savez de nous, quand on utiliser par exemple un de vos pèse-personne?

Je ne sais rien. Toutes les données sont stockées de façon anonymisées, et ces données sont utilisées pour améliorer les algorythmes de détection et d'accompagnement des personnes, tout en respectant les règles de confidentialité.

Le RGPD est en vigueur depuis quelques jours, que vous impose-t-il ?

Il ne nous impose rien de nouveau mais il nous demande seulement de revoir toutes les procédures en interne. Par exemple, à quoi l'opérateur a accès quand quelqu'un appelle le support. Mais ce sont des choses qui étaient déjà en vigueur chez nous.

Withings redevient français. Qu'est-ce que ça change?

Le fait qu'il soit français ne change pas forcément quelque chose. Mais ce qui est intéressant est d'avoir une équipe qui est dédiée à cette profondeur nouvelle de la santé aidée quotidiennement. Et je pense que ce qui a été ma motivation première, c'est l'équipe qui existe et qui a une énergie absolument extraordinaire. Les 200 emplois que nous avons en France près de Paris vont être maintenus. Nous en avons aussi une cinquantaine répartis à Boston et à Hong-Kong.

Et si un géant américain du numérique veut vous racheter, que lui direz-vous?

Je lui dirai qu'on continue notre chemin. Nous aurons besoin d'investisseurs financiers pour aller de l'avant mais l'idée reste de garder notre autonomie. Je n'ai pas fait tout ce travail de rachat pour revendre la société dans les deux ans qui viennent.

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