Thierry Le Hénaff (Arkema): "La réforme fiscale américaine, c’est 6% de bénéfice en plus pour le groupe"
Thierry Le Hénaff, PDG d'Arkema, était l'invité de l'interview éco de franceinfo jeudi. Il est notamment revenu sur la hausse spectaculaire de son bénéfice en 2017.
Le PDG d'Arkema, Thierry Le Hénaff, était l'invité de l'interview éco jeudi 22 février sur franceinfo. Le patron du premier chimiste français a présenté ses résultats pour 2017, avec un bénéfice en hausse de 45% à 590 millions d'euros. Thierry Le Hénaff est revenu sur les raisons de ce succès.
franceinfo : Quelles sont les recettes de votre succès ?
Thierry Le Hénaff : Nous sommes dans un monde où il y a des opportunités formidables. Ce sont les résultats de notre stratégie d'aller vers les pays à forte croissance : nous faisons un tiers de notre chiffre d'affaires aux États-Unis et un quart en Asie. Nous sommes présents dans plus de cinquante pays. Et nous misons énormément sur l'innovation, nous effectuons beaucoup d'acquisitions et de cessions pour monter en gamme. Aujourd'hui cela porte ses fruits.
Vous êtes un chimiste diversifié dans les biens de grande consommation comme la peinture, les adhésifs. Y a-t-il une forte contrainte environnementale sur votre activité ?
La chimie a beaucoup évolué. Nous assumons notre responsabilité de chimiste d'un point de vue environnemental. Mais aujourd'hui il y a de formidables opportunités dans la lutte contre le réchauffement climatique, donc nous devenons de véritables solutions contre le réchauffement climatique et pour le développement durable.
La France s'est désindustrialisée ces quarante dernières années. Vous êtes un contre-exemple au prix de lourds investissements. La France peut-elle se réindustrialiser ?
Il n'y a aucune fatalité. Les industriels français doivent exporter par nécessité, nous exportons 75 % de ce que nous fabriquons en France. La clé c'est la compétitivité et l'innovation. Le crédit-impôt-recherche aide à l'innovation. Pour la compétitivité c'est une question de fiscalité sur les salaires et hors salaire. Dans cinq à dix ans les usines seront d'avantage automatisées et robotisées. C'est un potentiel de compétitivité, mais cela ne suffira pas tant que la fiscalité sera importante.
Vous faites un tiers de votre chiffre d'affaires aux États-Unis. Allez-vous profiter de la réforme fiscale de Donald Trump ?
Cette réforme fiscale représente 6% de résultat net supplémentaire pour Arkema au niveau mondial. On va donc accentuer nos investissements aux États-Unis, sans rien enlever à l'Europe. Mais certaines innovations seront faites aux États-Unis et seront fabriquées aux États-Unis. Chaque région a ses avantages et ses inconvénients. Cette réforme va permettre aux États-Unis d'accélérer le développement de son industrie. L'Europe va devoir réfléchir, pas seulement au niveau des pays, mais à l'échelle du continent.
Que vous faut-il pour vous développer davantage en France ?
On a une ribambelle de taxes qui viennent affecter les coûts sur le foncier, l'énergie et les équipements. Il y a matière à nettoyer pour restaurer la compétitivité de l'industrie, qui est facteur de réduction du chômage. Que le gouvernement se penche sur le problème compte tenu de la désindustrialisation et du départ de certains fleurons de l'industrie française à l'étranger, cela me paraît pertinent.
L'actionnariat salarié se développe en France et dans votre entreprise. C'est un gros avantage pour vous ?
Oui, c'est très important. 5.5% de l'actionnariat est salarié chez Arkema. L'augmentation des dividendes va directement à nos salariés et cela leur permet de pouvoir se prononcer sur la stratégie de l'entreprise, c'est un atout indéniable.
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