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70 ans après le Jour-J, que reste-t-il du gaullisme ?

6 juin 1944, 6 juin 2014, sept décennies après le débarquement, le gaullisme s'efface progressivement de notre paysage politique.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© RF)

 

 

Il ne reste plus grand-chose, une page d’Histoire, une nostalgie. Et comme le dit Henri Guaino, l’une des rares personnalités politiques qui se réclament encore de cette filiation, "un héritage dilapidé".

Le gaullisme n’est pas un catéchisme, ce n’est pas non plus une doctrine, terme réfuté par le Général lui-même, mais plutôt une philosophie politique, synonyme dans un premier temps de résistance. Celui qui a dit non. Ce dont il est question aujourd’hui quand nous commémorons le D-Day.

C’est ensuite une conception de cette belle France qui a pu accomplir de grandes choses et rayonner dans sa diversité, sur un plan économique, militaire, culturel, sous la royauté, puis la République. Le gaullisme a toujours prôné la nécessité d’une nation devant en permanence être unifiée par un chef, afin d’éviter la tentation du repli sur soi.

C’est l’esprit de la Vème

La réconciliation des principes de la monarchie avec ceux de la République et son exigence de démocratie, la reconnaissance qu’il faut sans cesse dépasser les clivages, rendre ce pays gouvernable, incarner l’autorité et les institutions. Même François Mitterrand, qui s’est opposé au Général de Gaulle tout au long de son parcours politique, aura pleinement endossé son costume durant deux septennats.

Le gaullisme a débuté à la radio

Le 18 juin 1940, sur les ondes de la BBC, avec l’appel du Général de Gaulle. Le 6 juin 1944, les 177 commandos Kieffer de la France Libre participent à Overlord. Le Général lui ne débarquera que huit jours plus tard. Le 4 octobre 1958, il fonde la Ve République, dont il devient le premier président. Avant de démissionner le 28 avril 1969. Celui qui a débuté sa magistrale carrière sur un "non" à la barbarie nazie et à l’asservissement de toute une nation, tire sa révérence sur un autre "non", celui du peuple français qui rejette par un référendum sa réforme du Sénat et de la régionalisation. Jusqu’au bout, le gaullisme aura enseigné un certain sens du devoir et de la dignité.

Qu’en reste-t-il alors aujourd’hui ?

Le président censé être au-dessus des partis est massivement rejeté par les Français. L’indivisibilité du peuple cède peu à peu sa place au communautarisme. Il y a longtemps que la vie politique ne se résume plus qu’au seul clientélisme. La gauche initialement porteuse de justice sociale est en situation d’échec. La droite qui se voulait l’incarnation de l’autorité se perd dans ses conflits de chefs et dans les affaires. La force du non, le sens du devoir, le ciment républicain sont autant de valeurs qui aujourd’hui se perdent dans le brouillard du doute, de la division, du repli sur soi. Soixante-dix  ans après le débarquement, le gaullisme reste à réinventer.

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