Baromètre TNS-Sofres/FigMag: avis de tempête sur la présidence
La métaphore météo est de
circonstance, et ce n'est pas qu'un simple sondage de plus.
Tout simplement parce qu'il s'agit
du premier baromètre publié après la bataille : c'est-à-dire
après l'annonce du pacte de responsabilité aux entreprises, après le coming out
présidentiel " oui, je-suis-social-démocrate ", après le coup de
tonnerre Closer et l'éprouvant feuilleton Gayet-Trierweiler, après la
non-inversion de la courbe du chômage, après le Jour de colère.
L'enquête a été
réalisée le week-end dernier, en pleine Manif pour tous. Vous en voulez
encore ? Au final, le président qui comptait sur le pacte pour rebondir
bat son propre d'impopularité avec 19% des Français seulement qui lui font
confiance, et un Jean-Marc Ayrault pas mieux à vingt points. Le 16% de Jacques
Chirac, atteint après onze années de pouvoir, est à portée de canon. Encore un
petit effort : la loi famille resservie en rondelles aussitôt après avoir
été ajournée et les confidences de Vincent Peillon, aussitôt démenties par
lui-même, sur un gel de l'avancement des fonctionnaires ne sont pas comptabilisées
dans cette enquête. Ce sera pour la prochaine livraison. Malgré toute la
volonté présidentielle,
" quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ".
Qu'est ce qui le fait baisser ?
Bizarrement, ses affaires
privées n'entrent en ligne de compte que parce que le compte n'y est pas en
matière d'emploi ou de croissance. Là n'est pas l'essentiel, précise Edouard
Lecerf, le président de l'institut TNS Sofres. La baisse du président est en fait très forte dans les classes
populaires et sur sa gauche : -10 points chez les chômeurs, -8 points chez
les ouvriers, -8 points chez les militant d'extrême-gauche. Le tournant
social-démocrate de François Hollande et sa main tendue au patronat, même s'il
lui demande d'embaucher en retour, ne passent pas au sein d'une large partie de
son propre électorat.
Il ne progresse nulle part ?
Détrompez-vous, François
Hollande regagne du terrain, 5 points de mieux, mais au sein des populations
les plus aisées financièrement, c'est un signe. Et 4 points chez les personnes
qui déclarent avoir un intérêt pour la politique. En résumé, le pacte est
interprété comme un truc pour les patrons et pour ceux qui vivent plutôt bien,
et assimilé à une opération de pure politique politicienne, qui n'intéresserait
que les initiés. Le jugement est sévère, mais le verdict est là : " nous
sommes dans le poids des faits, contre celui des mots ", pour reprendre la
formule d'Edouard Lecerf, le monde politique est découplé du réel.
Deux personnalités en revanche marquent toujours des
points.
Ironie de ce baromètre
mensuel, le classement des personnalités place en tête ex-aequo Manuel Valls et
Nicolas Sarkozy, avec une cote d'avenir à 40%. Le ministre de l'intérieur, nous
en parlions hier, reste très haut malgré son net recul, notamment à droite, et
fait jeu égal avec l'ancien président, comme si le match à venir devait
forcément les opposer. François Hollande ne semble pas s'en inquiéter outre
mesure, lui qui s'est montré résolument optimiste hier sur le terrain. Il ne
s'agit après tout que d'un sondage de plus, nous ne sommes même pas à
mi-mandat. L'enquête traduit tout de même un déficit d'image et de confiance
profondément ancré dans les esprits, de quoi donner des sueurs froides à la majorité à six semaines du 1er tour des municipales.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.