Cahuzac, DSK : crise politique et morale
Les yeux dans les yeux, Cahuzac face à la commission
d'enquête de l'Assemblée Nationale qui se penche sur les éventuels
dysfonctionnements de l'Etat. L'affaire a mis sens dessus dessous la classe
politique.
François Hollande, Jean-Marc Ayrault, le gouvernement
savaient-ils ? L'ancien ministre du Budget ne les avait pas mis hors de cause
formellement :"J'ignore quel était leur niveau de connaissance ,"
avait-il dit lors d'un entretien radio-télévisé.
Une affaire d'Etat pour la droite
Du coup, à droite, qui parle d'une affaire d'Etat, on espère
des révélations fracassantes sur le rôle joué par l'Elysée en particulier. Le
député UMP Daniel Fasquelle : "Je pense que Jérôme Cahuzac aura à cœur,
lui qui a été accablé par les socialistes, le gouvernement en place, on a
chargé la mule pour mieux se dégager, ensuite on a fait un écran de fumée avec
le projet de loi sur le patrimoine, et bien il a l'occasion de rétablir les
choses dans cette affaire. "
Admiré hier pour ses interventions brillantes à l'Assemblée,
Jérôme Cahuzac est aujourd'hui un pestiféré. Plus personne ne semble le
connaître au PS. Alors, les socialistes tentent de banaliser l'évènement et la
portée de la commission d'enquête.
Dans l'ordre, les députés Philippe Martin et Thierry Mandon : "Je ne sais pas si le pire est derrière nous, mais je
pense que l'essentiel ce qui devait être connu l'est aujourd'hui. "
"Pour nous c'est un non évènement total, c'est une
affaire au passé. "
Alors, ne nous y trompons pas, l'Assemblée n'est pas un
commissariat. Il ne s'agit pas d'un interrogatoire sur les agissements
personnels, financiers de Jérôme Cahuzac. Il s'agit d'une audition pour
comprendre la conduite de l'exécutif tient à rappeler le rapporteur du Budget Christian
Eckert.
"C'est uniquement s'assurer que le gouvernement avait
ou n'avait pas des informations que Mr Cahuzac aurait ou n'aurait pas
transmises. Il ne s'agit pas d'interroger Mr Cahuzac sur l'origine des fonds,
sur le volume, la nature des mouvements. C'est la justice qui s'en occupe et c'est
très bien ainsi. "
> L'audition de Jérôme Cahuzac, c'est à 16h30, édition
spéciale sur France Info et en direct sur franceinfo.fr.
L'affaire DSK
Une autre audition, un peu plus tôt, au Sénat, attire
également l'attention. Si Cahuzac était, parait-il, premier-ministrable, lui
avait été élu Président sans passer par la case vote. En revanche, il est passé
par la case prison, quatre jours à New-York, qui a fait basculer sa carrière
dans le vide.
Dominique Strauss-Kahn reste, pour beaucoup, un économiste
reconnu et c'est dans ce cadre que les Sénateurs vont l'entendre. Au menu : le
rôle des banques dans l'évasion des capitaux. Le communiste Eric Bocquet attend beaucoup de ce
rendez-vous.
"C'est l'économiste que l'on va entendre, de la même
manière que nous allons auditionner Mme Lagarde en tant qu'économiste. C'est un
peu le regard de l'expert que l'on attend, et peut-être des propositions, des
pistes. "
Mais DSK, pour d'autres, c'est la goutte d'eau qui fait
déborder la baignoire de la chambre du Sofitel.
Ca sent le soufre et c'est une erreur selon l'UMP Gérard
Longuet : "C'est une très mauvaise idée. Il y a des
fonctionnaires tout aussi compétents, plus stables, disons plus acceptables
pour un débat parlementaire. "
Un avenir politique est-il encore possible pour les deux
hommes ? Pour DSK, c'est non, pour Cahuzac, c'est moins tranché. Il laisse
planer le doute sur ses possibles ambitions pour le scrutin municipal à
Villeneuve-sur-Lot.
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