Conférence sociale : y a-t-il un bug Valls ?
Cette mauvaise manière des deux syndicats CGT et FO, présents à la table ronde présidentielle lundi, et qui vont zapper le Premier ministre ce mardi, a quelque chose de vexant pour lui. Les deux centrales veulent faire porter à Manuel Valls la responsabilité de ce que Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, appelle un "bug " du dialogue social.
Ces frondeurs syndicaux reprochent au Premier ministre ses déclarations musclées sur les seuils sociaux ou la simplification du code du travail. Elles ne digèrent pas le report d’un an du compte pénibilité, une exigence du Medef satisfaite par le gouvernement. L’ennui est qu’il ne s’agit en aucune façon d’une décision de Matignon tout seul, pour plaire aux patrons, mais bien d’un choix arrêté, comme tout le reste, à l’Elysée, et annoncé par le Premier ministre.
François Hollande appelle à la responsabilité
Le chef de l’Etat a vanté sa méthode, le dialogue social, censée favoriser le compromis. Elle a fait ses preuves ces deux dernières années, a-t-il affirmé, sur la sécurisation de l’emploi, la formation professionnelle. Mais elle n’a de sens, a martelé François Hollande, "que si les parties prenantes vont au bout et ne se livrent pas à une surenchère". L’avertissement visait les deux centrales qui vont sécher ce mardi. Mais aussi le Medef, prié de donner "toute son ampleur" au pacte ". Tout cela n’était pas bien sévère.
Le scénario du gentil et du méchant. Le gentil flic, c’est François Hollande l’équilibriste, qui peaufine sa posture d’homme du dialogue. Et le méchant flic, c’est Manuel Valls, qui se tape le sale boulot, le sourcil froncé, celui d’annoncer les décisions qui fâchent, en endossant le costume du Premier ministre droitier, clivant, qui fait des cadeaux aux vilains patrons. Alors qu’il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarette entre les deux têtes de l’exécutif.
Où est le bug au final ?
Dans l’affaiblissement constant des corps intermédiaires, avec des syndicats tentés par une fuite en avant pour ne pas perdre leur base exaspérée. Le problème dépasse le cas du seul Manuel Valls : libre à lui de s’affranchir de l’Elysée s’il veut un jour retrouver son indépendance.
Le bug dépasse les considérations de simple politique : le logiciel date de l’après-guerre, la France vit au-dessus de ses moyens. Son système social protège les salariés en temps de crise, mais empêche le pays de décoller quand la croissance revient. Les promesses sont impossibles à tenir. Tant que les majorités, de droite comme de gauche, n’auront pas le courage ou l’audace de dire cette vérité aux Français, le divorce avec l’opinion sera permanent.
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