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Controverse Toubon : Hollande maintient son choix

Le chef de l'Etat va proposer Jacques Toubon comme défenseur des droits, malgré les critiques qui fusent à gauche depuis une semaine. Le débat sera réglé début juillet devant les commissions de lois du Parlement.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

C’est un peu comme la grève à la SNCF : cela fait une semaine que ça dure. Bruno Le Roux mardi matin sur France Info a manifesté son hostilité au choix présidentiel. La voix du patron du groupe PS est venue s’ajouter à celles de Claude Bartolone, président de l’Assemblée, et Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire, du très lourd : la proposition de François Hollande - Jacques Toubon pour succéder au regretté Dominique Baudis - ne passe décidément pas. Les responsables du parti ne supportent pas de ne pas voir été consultés par le président. "Comme d'hab', il ne nous dit rien, et nous ramons pour défendre l’impossible ", se lamente l’un d’eux.

Mais de nombreux parlementaires s’en donnent à cœur joie, reprochant, à tort, à l’ancien Garde des Sceaux de Jacques Chirac d’avoir voté contre l’abolition de la peine de mort, et à raison contre la dépénalisation de l’homosexualité. Une actualité qui remonte à plus de trente ans, pour un homme politique sorti du jeu il y a dix-sept ans, mis à part une discrète parenthèse comme eurodéputé, et dont les positions ont évolué depuis. Il suffit de se renseigner. Son interventionnisme à la Justice lui colle également à la peau, c’est l’histoire de l’hélicoptère. Mais là encore, c’était il y a bien longtemps. Jacques Toubon dirige aujourd’hui avec passion et brio la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. 

Le temps a passé

Et Jacques Toubon, contrairement à ce qui est dit sur lui, n’a pas changé, mais à 72 ans, il a mûri, il s’est ouvert au monde, avec l’expérience et la sagesse. Il n’était pas le premier choix de François Hollande, qui a pensé à Christiane Taubira et à d’autres personnalités de gauche, Jack Lang, Bertrand Delanoë, qui ont toutes décliné l’offre. Le chef de l’Etat a décidé du coup de laisser le défenseur des droits à l’opposition, et le nom du responsable de la cité de l’immigration, qui lui a été suggéré, l’a séduit.

 

Mais l’ouverture, ça ne marche plus. Le chef de l’Etat réfute lui-même ce principe en expliquant que l’ancien ministre de droite est "un choix légitime et cohérent". L’ouverture est un calcul qui peut marcher au début d’un mandat pour en tirer un bénéfice politique, mais ne fonctionne plus ensuite, quand le débat gauche-droite se cristallise. 

François Hollande maintient son choix

"Ça va suivre son cours", assure l’Elysée, les commissions des lois du Parlement trancheront début juillet, Il faut une majorité des 3/5èmes pour un éventuel refus. Le procès en sorcellerie qui va durer jusque-là révèle une certaine forme de sectarisme dans le débat public. L’ancienne gloire chiraquienne a été condamnée sur la place publique avant même d’avoir été entendue. Jacques Toubon a tout de même confié hier dans un éclat de rire : "Jje vous rassure, je suis rangé des voitures, je ne suis pas une prise de guerre". Il ne fera aucune déclaration d’ici à son audition devant les commissions parlementaires.

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