Droite et gauche se renvoient leurs extrêmes
Ils
ne se supportent plus, ils ne peuvent plus se voir en peinture. Le coup de sang
de Manuel Valls à l'Assemblée Nationale hier et la riposte de l'opposition donnent
une idée de l'état de dégradation du débat national. La droite a quitté
l'hémicycle, quand le ministre de l'intérieur, interpellé sur les casseurs de
Nantes, a accusé le député Claude Goasguen de venir de l'extrême droite, et l'UMP
réclame des excuses sous peine de boycotter la séance des questions
d'aujourd'hui. Apparemment, les choses devraient en rester là : le
gouvernement ne s'excusera pas, et les députés UMP vont sécher la séance des
questions aujourd'hui, selon une source issue de la majorité. Tout cela au fond
ne va pas bouleverser la vie des Français qui se moquent bien de ces joutes trop
parisiennes. C'est un peu comme si chacun des deux camps, majorité et
opposition, voulait se compter et marquer le coup avant la trêve parlementaire
qui démarre vendredi. Mais le fait nouveau est que désormais, chacun se renvoie
ses propres extrêmes à la figure, parce qu'une partie du débat en question,
depuis une année, s'est déplacé dans la rue. Et de manière parfois violente.
Manuel Valls
a justifié ses propos.
" Son
sang n'a fait qu'un tour quand le député UMP de Vendée Yannick Moreau a comparé
les images de Nantes à celles de Kiev ", explique la Place Beauvau. Il ne
faut pas confondre des combattants morts pour leur liberté à de vulgaires
casseurs venus pour en découdre avec les forces de l'ordre. Manuel Valls a
aussi été piqué au vif, accusé " d'amateurisme et de sévérité sélective ".
Le ministre de l'intérieur a vu sa cote de popularité se dégrader depuis
l'affaire Dieudonné. " Pour la première fois en France, nous assistons à une
jonction des extrêmes, de droite et de gauche, avec certains qui ont crié mort aux juifs dans les rues de Paris,
tous ces ultras se retrouvent dans un même front communautariste et
antirépublicain ", analyse l'entourage du ministre de l'intérieur. Ce pourquoi
Manuel Valls a accusé la droite de " complaisance ", allusion faite
aux violences qui ont émaillé certaines Manifs pour tous, au premier rang
desquelles ont défilé certains élus UMP. Nous en sommes toujours là. Avec en
toile de fond la menace FN.
C'est
l'inconnue des scrutins à venir.
L'ombre
de Marine le Pen plane sur cet affrontement permanent gauche-droite. A qui
va-t-elle prendre des électeurs ? Ce qui s'est produit hier, cela devient
banal à dire, fait les affaires de la présidente du Front National, elle qui
réfute au passage l'appellation " d'extrême-droite " et se dit à la
tête d'un parti populaire. La campagne des municipales, avec la trêve
parlementaire, va se concentrer sur le terrain avant le premier tour. Il était
temps... avant que tout le monde n'en vienne aux mains.
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