Finances, rivalités, FN : l'UMP façon puzzle
La lettre de remerciement de Nicolas Sarkozy est partie lundi soir par mail à 18h, en direction de plus de cent mille donateurs qui se sont
fendus d'un chèque, pour participer à l'effort de guerre à droite. A savoir le
remboursement des 11 millions d'euros de frais de campagne invalidés par le
Conseil constitutionnel. Ceux qui n'ont pas Internet recevront un courrier par
la poste. Une fois de plus, l'ancien président y entretient le suspense, évoquant
la " nécessité de préparer l'alternance au socialisme ". Sans
préciser si oui ou non il sera candidat. Rien de nouveau sous le soleil.
Le succès de la
collecte menée par Jean-François Copé n'a pas apaisé les rancœurs
Bien au contraire. Imaginez les mines des chefs de l'UMP, au
petit déjeuner du mardi, le premier de cette rentrée au siège du parti ! Avant-même
d'évoquer la controverse autour du FN, il y a d'abord du ressentiment envers
Nicolas Sarkozy. Un haut responsable du parti, qui préfère rester
anonyme, lui faisait hier un procès en désinvolture: " il est venu nous
faire la leçon début juillet avant de partir en vacances en jet privé. Il aurait
dû verser bien plus que le plafond des 7500 euros, lui qui était caution
solidaire en tant que candidat ". Un autre a raillé le cynisme, selon lui, du
Sarkothon, en pointant le fait que le site de l'UMP calculait, d'un simple
clic, en tant réel la défiscalisation des dons. Vous pouvez tester, ça marche. L'ambiance
est décidément glaciale dans les rangs du parti.
Le Sarkothon effacé par la sortie de François Fillon sur le FN
La transgression de
l'ancien Premier ministre rappelle que l'UMP n'a pas réglé le tir vis-à-vis de
Marine le Pen. En conseillant de voter pour le moins sectaire entre un candidat
PS ou FN aux municipales, François Fillon s'est affranchi du ni-ni prôné par
Nicolas Sarkozy, et relayé par Jean-François Copé. Là non plus, rien de nouveau
sous le soleil. La droite traditionnelle ne réussit toujours pas à fixer une
ligne claire, conséquence de la guerre des chefs. Isabelle Balkany,
soutien du premier cercle de Nicolas Sarkozy,
estime que " ce n'est pas l'UMP qui va mal, ce sont les barons qui
font une compétition d'égos ". En attendant, les militants ont le choix
entre le tournis, ou la nausée.
A quoi servent ces déclarations vis-à-vis du Front National ?
A rien. Elles ont pour effet de braquer un peu plus les
électeurs qui n'ont que faire des consignes d'appareils. Le vote reste l'un des
derniers espaces de liberté d'expression, et donc, pour certains, un défouloir
quand il s'agit de sanctionner les politiques. Nous évoquions ici-même la
semaine dernière la nécessité, pour les partis de droite comme de gauche, de
dresser un inventaire afin de partir sur des bases nouvelles. L'UMP n'en est
plus là : c'est d'un aggiornamento dont elle a besoin, tant elle est
devenue plurielle, voire inaudible. Elle reste à ce jour la meilleure alliée
d'un François Hollande qui subit la pression de
l'opinion, mais pas celle de l'opposition.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.