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François Hollande ne fera pas ouvertement campagne

Le chef de l'Etat doit-il s'impliquer dans les deux campagnes électorales à venir ? Vous posez la question ce matin à l'occasion de son déplacement à Toulouse.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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C'est toujours la même
angoisse pour les candidats qui veulent se faire réélire : un président impopulaire
peut plomber un scrutin en venant vous rendre une visite encombrante et en vous
serrant la main, rappelant au passage que voter pour le maire sortant, s'il est
membre de la majorité, cela revient finalement à soutenir un gouvernement qui
augmente vos impôts. Officiellement, le chef de l'Etat, attendu à Toulouse ce
matin avec ses deux ministres Pierre Moscovici et Cécile Duflot, vient vendre
son choc de simplification. "L'Elysée cherchait juste un endroit où
aller, nous ne sommes pas dans la campagne électorale
", jure un
responsable socialiste local, qui refuse de parler de coup de pouce au maire PS
Pierre Cohen, dans une ville particulièrement convoitée par la droite.

Et c'est vrai ?

Bien sûr que non ! Le
choix de Toulouse n'est pas le fait du hasard. Non seulement François Hollande
vient soutenir de manière implicite l'élu d'une grande ville que la majorité
veut conserver coûte que coûte. Mais le chef de l'Etat va surtout rencontrer le
président de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains, c'est-à-dire
le même Pierre Cohen. Et envoyer à travers lui un signal à ces élus inquiets, comme
pour leur dire : "Je ne vous oublie pas ". Le président fait le
pari qu'il ne fait courir aucun risque au maire de Toulouse, qui devrait conserver
son fauteuil, du moins  selon les calculs
des experts de la rue de Solferino.

Sa présence n'est pas souhaitée sur le terrain ?

"25% des électeurs
veulent voter pour sanctionner, nous n'avons donc pas intérêt à nationaliser ce
scrutin", reconnaît Christophe Borgel. Pour le monsieur élections au PS,
les enjeux des élections municipales sont locaux. "Nous avons la chance,
dit-il, d'avoir un adversaire, l'UMP, qui veut en faire un combat national
contre le gouvernement, nous devons être en contrepoint de cette stratégie
de la droite".
Borgel n'en dit pas plus. Les candidats, à la vérité,  hésitent à recevoir le soutien d'un chef de
l'Etat rejeté par sept Français sur dix. Certains stratèges socialistes estiment
que moins le président et ses ministres se montreront, mieux ce sera. À l'exception
notable de Manuel Valls, dont l'entourage affirme qu'il serait très demandé. Le
ministre de l'intérieur qui s'est réconcilié avec la gauche à la faveur de son
combat contre Dieudonné.

François Hollande devrait donc rester en
retrait ?
 

Le président ne va pas
refaire le discours de Giscard sur "le bon choix" à
Verdun-sur-le-Doubs, avant les législatives de mars 78. "François connaît
ses classiques", explique l'un de ses proches. Il ne fera donc pas la tournée
des futures villes perdues, mais ne voudra pas non plus donner l'impression de
lâcher son parti en perte de vitesse, surtout pour des Européennes qui
s'annoncent compliquées. La campagne du chef de l'Etat s'annonce discrète,
furtive, subliminale. Comme son prédécesseur lors
des élections intermédiaires, François Hollande sera à la fois omniprésent, et
en retrait. 

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