François Hollande rattrapé par les écoutes
C'est une guerre médiatique où
tous les coups sont permis qui se déroule sous nos yeux : il y a cinq
jours, la France apprenait médusée que l'ancien président Nicolas Sarkozy et
son avocat Thierry Herzog étaient placés sur écoute, dans le dossier Kadhafi.
Avec en prime l'ouverture d'une information pour trafic d'influence. Cinq jours
plus tard, au prix d'un incroyable retournement de situation, l'exécutif et ses
ministres les plus en vue se retrouvent soupçonnés d'avoir menti.
La droite, qui en connaît un
rayon sur le sujet après des décennies de pouvoir, a enfoncé le clou, en posant
la question qui tue : François Hollande savait-il ?
L'intervention de Jean-Marc
Ayrault hier soir au journal de 20h de France 2 pour reconnaître on savait pour les écoutes depuis
l'ouverture de l'information judiciaire le 26 février, mais pas le contenu ,
n'a fait qu'alimenter le doute, en contredisant Christiane Taubira qui a semblé
affirmer la veille sur TF1 qu'elle n'était au courant de rien.
Pourtant, un habitué des
pratiques du ministère de la justice raconte : " le garde des sceaux**** reçoit quotidiennement sur son bureau
le listing des personnalités écoutées, par qui et pour quelles raisons. Elle ne
l'a pas appris par la presse ".
Qui dit vrai ? Qui
savait quoi et quand ? Unpeu de clarté s'impose.
Les regards se tournent donc vers Manuel Valls ?
François Hollande, selon un
proche, lui aurait demandé d'intervenir pour éteindre l'incendie et aurait essuyé
un refus : pour le ministre de l'intérieur, ce problème concerne la seule Garde
des sceaux. Manuel Valls a attendu que Jean-Marc Ayrault dégaine le premier hier
soir, avant de livrer sa version, ça ne devrait pas tarder.
Autant dire que la panique a
gagné les rangs du gouvernement.
Le tour de force de Thierry Herzog
est d'avoir réussi à mobiliser quelques ténors du barreau pour inverser la
charge. Nicolas Sarkozy n'avait plus qu'à jeter la suspicion dans la foulée sur
le pouvoir en mobilisant toute l'UMP. Et pourtant, cette contre-offensive ne
démontre rien. Personne ne sait ce que contiennent les enquêtes des
juges. Personne à droite comme à
gauche ne sortira indemne de ce vaste micmac.
Que risque François Hollande au final ?
Au mieux, d'être pris en
flagrant délit de mensonge, ou d'être accusé de ne pas tenir sa boutique. Sa
réponse au bâtonnier de Paris et à l'Union syndicale des magistrats sera
scrutée au millimètre. Nicolas Sarkozy est certes en train de gagner une manche,
en faisant presque oublier que ses agendas vont rester dans les mains de la
justice, comme l'a décidé la Cour de cassation hier. Mais François Hollande
n'en a cure et fait comme à son habitude : son temps à lui n'est pas le
temps médiatique. Il ne croit pas non plus en une sanction dans les urnes la
semaine prochaine, estimant que les jeux sont déjà faits aux municipales.
Scandale ou pas.
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