Hollande 2, ou le retour du social-démocrate
Mais attention, qu'on se le dise : il n'est pas pour
autant libéral, le message martelé hier est censé rassurer une gauche qui
pourrait commencer à s'énerver. En attendant, chapeau l'artiste : François
Hollande a plié l'exercice en deux heures trois quarts sur un ton martial,
l'humour n'est apparu qu'in fine, par bribes. Il paraissait inflexible,
imperméable à la polémique privée, il était comme transfiguré. Michel Sapin, ministre
du travail et ami du président, a brièvement résumé la prestation à la sortie :
"C'était le même que d'habitude, mais boosté par les difficultés qu'il
traverse".
Sur ses affaires privées,
la réponse est remise à plus tard.
Un petit mois de réflexion,
avant son voyage officiel aux Etats-Unis, ce ne sera pas de trop. Et ce qui est
nouveau dans notre vie politique bien française, héritée de siècles de pratiques monarchiques, c'est que les
questions sur le sujet n'ont pas manqué, ce qui a bluffé certains confrères étrangers. Pourtant, il fallait oser, après un discours liminaire
d'une demi-heure, empreint de gravité, consacré aux propositions pour tenter de
sortir les Français de la crise, à la guerre au Mali et en Centrafrique, ou aux quatre journalistes otages en Syrie. Le principe d'évacuer
LA question au tout début de l'échange après son discours avait été
négocié, ce qui n'a pas empêché d'autres tentatives par la suite. François
Hollande a même versé dans un commentaire qui n'était pas sans rappeler le
Nicolas Sarkozy allant jadis sur France 3 évoquer le départ de Cécilia :
"Chacun dans sa vie personnelle peut traverser des épreuves ", a déclaré
le président. Il n'en dira pas plus. Pour l'instant. Circulez !
La comparaison avec
Nicolas Sarkozy s'arrête là ?
Oui, enfin presque : il
y avait dans le style et les propositions mises sur la table de quoi semer le
trouble à droite. Hollande a pleinement assumé sa fonction en mode
"je ", incarnant un pouvoir hyper-présidentiel, listant ce sur quoi
il pourrait être jugé en 2017, comme Sarkozy à la même place. Mieux encore: c'est
un président socialiste - pardon ! - social-démocrate qui se fait le
chantre de l'allègement des charges des entreprises, tutoie le Medef avec un
chèque de 30 milliards dans la poche, clame: "S'il n'y a pas
d'entreprise, comment vous faites" , soutient la production, les
investissements, veut réduire les dépenses publiques de 50 milliards, se pacser
avec Angela Merkel... Vous en voulez encore ? Un vrai dirigeant européen pur
jus, qui s'assume. Est-il dans les marques de Blair ou de Jospin ? "Dans
les miennes ", a répondu un brin crâneur François Hollande, qui a passé au
Karcher le bilan de son prédécesseur, l'accusant d'avoir creusé la dette et les
déficits, une critique volée à la droite quand elle évoque la gauche au
pouvoir. C'est le monde à l'envers ! Mais que va donc proposer l'UMP dans
les mois qui viennent...
Alors, ça y est ? Le
quinquennat est reparti ?
Pas si vite : nous ne sommes
dans le jour 2 de Hollande 2. Le chef de l'Etat a réfuté l'argument du tournant :
"Moi j'accélère ". François Hollande, qui au passage a calmé
l'incendie privé, a certes ouvert une nouvelle page de son quinquennat. C'est beau sur le
papier, ça peut faire rêver. Après, il n'y a plus qu'à ... Le plus
difficile.
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