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L'UMP et la sérénade au centre

Les centristes n'ont jamais eu autant de courtisans. En pleine crise interne, plusieurs dirigeants de l'UMP rêvent d'une alliance avec l'UDI et le Modem. Mais pour les centristes, il est urgent d'attendre.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Jean Leymarie © RF)

C'est un simple calcul. Il suffit de regarder les résultats des Européennes : 20% pour l'UMP, 10% pour l'alliance entre l'UDI et le MODEM. Vous arrivez à 30%, c'est-à-dire argement au-dessus du Front national. A droite, pour beaucoup, ce calcul est vite fait. Si l'UMP et les centristes s'étaient présentés ensemble, ils auraient gagné les élections.

En politique, c’est comme en arithmétique : on n'additionne pas des choux et des carottes, des pommes et des bananes. Pourtant, dès que les résultats sont tombés, plusieurs dirigeants de l'UMP ont commencé à rêver d'une nouvelle alliance. Par exemple, Nathalie Kosciusko-Morizet  veut un "accord stratégique" avec le centre. 

Ça ne vous rappelle rien ? En théorie, cette alliance existe déjà. L'UMP a été créée pour cela, pour unir la droite et le centre. Mais c'était il y a plus de dix ans. Depuis, beaucoup de choses ont changé. Une partie des centristes a quitté l'UMP. A commencer par Jean-Louis Borloo. Et surtout, le mouvement s’est déchiré. L’affaire Bygmalion et la démission forcée de Jean-François Copé a fait le reste. L’UMP est en plein doute. Elle cherche à se réinventer.

Alain Juppé est le plus grand défenseur d'une alliance. Il n'a pas de mots assez doux pour ses amis du centre. "Nous avons les mêmes valeurs", dit-il. Le fondateur de l'UMP parle d'une "plateforme commune". Il veut rencontrer les dirigeants de l'UDI et du Modem. Il n'a pas attendu, d'ailleurs. Ces dernières semaines, vous l'avez vu en campagne avec François Bayrou. De Bordeaux à Pau, il veut dresser une nouvelle carte de la droite française... 

Pour les centristes, il est urgent d'attendre

Les centristes ne sont vraiment pas enthousiastes. Les mots d'amour ne leur font aucun effet, ou presque. Ecoutez François Bayrou : "Je suis favorable à ce qu'il y ait une droite qui soit à droite et un centre qui soit au centre". En 2002, quand l'UMP s'est créée, François Bayrou la détestait déjà. Ça n'a pas changé. Le président du MODEM veut bien discuter, mais pour l'instant, pas plus. 

Du côté de l'UDI, c'est pareil, et parfois, c'est même pire. Le député Jean-Christophe Lagarde refuse ce qu'il appelle "un mariage forcé". Pour l’instant, les centristes préfèrent l’union libre, la leur, celle de l’UDI et du Modem. Elle n’est pas réglée. La succession de Jean-Louis Borloo est ouverte. Il y a déjà plusieurs candidats.

Pour toutes ces raisons, les centristes ne sont pas pressés. Ils disent à l’UMP : "Réglez vos problèmes, nous réglons les nôtres, et on discutera après".

L'UMP en plein dilemme

A l'UMP, deux camps s'affrontent. Ceux qui tendent la main aux centristes, donc. Et les autres. Ils n’ont pas oublié qu’en 2012, François Bayrou a voté Hollande. Laurent Wauquiez, Rachida Dati, et tous les sarkozystes de la Droite forte ont des parcours différents. Mais ils veulent tous une UMP à droite, sur des valeurs de droite.

Finalement, c’est toujours la même histoire, toujours le même combat. D’un côté, l’UMP version Patrick Buisson - à droite toute. C’était le choix de Nicolas Sarkozy en 2012. De l’autre, l’UMP version Alain Juppé. Ce dilemme n’est pas tranché. Cela va être le débat des prochains mois, jusqu’au congrès du mois d’octobre. Chacun devra prendre position, y compris Nicolas Sarkozy. Mais avec un Front national à 25%, ce sera un débat sous pression.

 

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