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La conférence sociale divise à gauche

La méthode Hollande sur le front social à nouveau en démonstration avec la deuxième conférence sociale du quinquennat qui s'ouvre aujourd'hui. La première avait débouché sur la réforme du marché du travail. François Hollande a voulu faire du dialogue social l'un des axes de sa politique. Mais le contexte ne l'aide pas et même son propre camp doute.
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Le président qui se remonte les manches autour de la table
des négociations. C'est l'image que François Hollande veut que l'on retienne.
Il ouvrira lui-même les discussions avant le classique discours présidentiel
prévu seulement à la mi-journée. Associer les partenaires sociaux aux grandes
réformes sociales c'était une promesse de campagne et cela marche, assure la
porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.

"On n'adopte pas de réformes contre ceux qui sont les
principaux concernés. On ne fait que crisper un pays lorsque l'on cherche à
passer en force, en particulier à l'égard des partenaires sociaux. Lorsqu'on
laisse la possibilité de négocier, les partenaires sociaux sont capables
d'aller assez loin et d'être assez ambitieux.
"

Une méthode qui divise

Mais attention il ne s'agit pas cette fois d'une
coproduction prévient la ministre. Le gouvernement consulte, mais il verra ce
que ça donne contrairement à l'accord sur la réforme du marché du travail. Un
rapport, le rapport Moreau, est déjà sorti la semaine dernière et trace des
pistes de réflexions. Conséquence : au sein même de la majorité on ne
comprend plus la méthode. Le député de l'aile gauche du PS, Razzy Hammadi : "La grandeur de la concertation, c'est qu'un exécutif puisse rentrer en
concertation et ressortir avec une ligne qui soit enrichie de ce qu'on pu dire
les partenaires sociaux et notamment les syndicats. Mais ce n'est pas 80
mesures possibles et on va en concertation, parce que les Français ne
retiendront que 80 mesures possibles.
"

La méthode fait renaître les vieilles disputes de famille dans
la majorité. Le député hollandiste Olivier Faure estime que certains de ses
camarades brouillent le message présidentiel : "Plutôt que de dire
que le climat est anxiogène je préférerais que chacun contribue à sa place à
faire baisser l'anxiété générale et donc d'expliquer qu'il y a des choses
qu'ils ne feront évidemment pas.
"

La valeur du dialogue social

François Hollande lui-même a commencé à débroussailler sur
le grand sujet du jour, les retraites, en excluant de repousser l'âge légal de
départ. Ce qui fait douter les communistes de la valeur du dialogue social. La
députée Marie-Georges Buffet : "Cela me paraît tout à fait normal
qu'il y ait négociation sociale, mais il faut le temps de cette négociation et
ensuite il faudra que soit ouvert un débat sur toutes les solutions possibles.
Je trouve que l'on reste toujours sur les mêmes ringardises libérales. On nous
parle toujours de travailler plus, de cotiser plus, il y en a qui ne participe
pas du tout à l'effort en ce moment, ce sont les revenus financiers. Peut-être
serait-il intelligent de les faire cotiser aussi.
"

Mêmes reproches à droite

Paradoxalement, à droite, c'est un peu le même reproche qui
est fait au gouvernement. Pour l'ancien ministre Eric Woerth, la méthode du
gouvernement s'apparente à de la gesticulation. "Le gouvernement
avait dit on négociera, ce n'est pas vrai. Il y a un rapport d'une experte qui
conclut de façon plutôt injuste et inefficace, puis il y a des décisions du
gouvernement avec un semblant de discussion avec les syndicats. Il n'y a pas de
négociations. Il y a zéro méthode Ayrault.
"

Le président de l'UMP, Jean-François Copé renchérit. Pour
lui, les dés sont pipés : "Je suis très heureux que les partenaires
sociaux discutent, mais ce qui m'importe pour les Français c'est qu'on
aboutisse à des solutions. Or, les solutions on les connaît tous. Il faut
relever l'âge de départ en retraite comme cela s'est fait dans toute l'Europe
et c'est la seule chose que François Hollande a écarté. C'est tout simplement
irresponsable. On sait par avance qu'il ne préservera pas notre système de
retraite.
"

"Les retraites, cela va être difficile. On arrive au
débat en fixant les enjeux
", reconnaît en privé un ministre proche de
François Hollande. Il regrette le côté anxiogène mais souligne que la
concertation reste indispensable. En somme, c'est une autre manière de prendre
une décision.

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