Cet article date de plus d'onze ans.

Le Front de gauche au bord du divorce

Rien ne va plus au Front de gauche, il y a du divorce dans l'air à l'approche des élections municipales.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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" Jean-Luc ? Il va passer son week-end à nous
dézinguer ". Ce propos fataliste émane de la direction du Parti communiste, place du Colonel Fabien, qui ne se fait plus guère d'illusion sur
la nature du discours que Jean-Luc Mélenchon tiendra en clôture de la Convention
sur les Européennes et les Municipales, que le Parti de gauche organise demain
et dimanche à Clermont-Ferrand. Il faut rappeler que le vieux PCF et le tout
jeune Parti de gauche son unis pour le meilleur et pour le pire au sein du
Front de gauche.

 

Et les deux partenaires traversent le pire
aujourd'hui ?

L'objet du délit : l'accord que les dirigeants
communistes, Pierre Laurent en tête, ont passé avec Anne Hidalgo, pour
constituer des listes communes aux municipales à Paris. Mélenchon et ses amis,
furieux, se sentent trahis : pour eux, c'est l'avenir même du Front de
gauche qui est en cause. Anne Hidalgo se frotte les mains : elle peut se
targuer de présenter des listes d'union, même si les Verts font bande à part.
" Ce n'est pas grave, les écolos prendront des voix au Parti de gauche de
Mélenchon avant de nous rejoindre ", ajoute un proche de la candidate
socialiste. La goutte de trop.

 

Quel est le problème
entre les deux partenaires ?

L'alliance de la carpe et du lapin, qui a marché au début.
Vous avez d'un côté le Parti communiste Français, du moins ce qu'il en reste,
avec un nombre important d'élus locaux, et un secrétaire national aussi sérieux
que discret. Pierre Laurent sait être un allié de circonstance avec le PS, au
coup par coup, pour les municipales, quand il s'agit de sauver un certain
nombre de villes. Et vous avez de l'autre côté, le Parti de gauche. Peu de
troupes, mais un tribun de choc, Jean-Luc Mélenchon, qui refuse tout accord
avec les socialistes et s'oppose à François Hollande. Deux leaders donc que
tout oppose, et qui s'installent dans la détestation mutuelle.

 

Pourquoi le Parti communiste reste-t-il au Front de gauche ?

Pour la dynamique électorale, que les communistes ont perdue
depuis longtemps. Quant au Parti de gauche, il reste parce que sans l'appareil
communiste, il ne serait rien. Entre Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent,
c'est la guerre froide. Le premier ne vient plus à la réunion du lundi de
coordination du Front de gauche au siège du PCF. Et le deuxième n'ira pas à la
convention du Parti de gauche à Clermont, mais se rendra dimanche à
l'université de rentrée de Maintenant la gauche, à savoir l'aile gauche du PS. Et
pendant ce temps, Jean-Luc Mélenchon, sur son blog, accuse les communistes
d'avoir été les dindons de la farce à Brignoles, en s'alliant avec les
socialistes. Ça va mal finir.

 

Les deux partenaires vont
se séparer ?

Quand un couple ne s'aime plus, mieux vaut
qu'il jette l'éponge. Sinon, il finira comme Gabin et Signoret dans Le Chat , de Pierre Granier-Deferre. Ce
désamour, au fond, symbolise la passe difficile que traverse la majorité, au
moment où le PS désigne ses candidats aux municipales. Face à la montée en
puissance d'un Front national très mobilisé, ce qui se passe au sein d'un Front de gauche
au bord du divorce n'est pas là pour rassurer une gauche qui n'arrive plus à s'unir-ce
que François Rebsamen appelle " les troubles de l'élection " - et
redoute une abstention record l'an prochain.

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