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Le Parti communiste entre révolte et "realpolitik"

Le Parti communiste pris entre deux feux. Il tient son 36e congrès jusqu'à dimanche. D'un côté, le bilan de santé est plutôt bon : rajeunissement, hausse des adhésions, meilleure image. D'un autre côté, le PCF est face à un choix politique : ménager son allié historique, le PS ou suivre Jean-Luc Mélenchon vers une gauche alternative. Une position d'équilibriste plutôt inconfortable.
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Le Parti communiste est-il dans la majorité ou est-il un
opposant au pouvoir, tendance Mélenchon ? Cette question, Pierre Laurent, le
secrétaire national du PC en est quelque peu fatigué.

Pourtant elle se pose, avec des prises de positions de plus
en plus dures à l'égard de la politique gouvernementale, des votes au Sénat qui
ont entravé plusieurs projets de loi ou ces voeux au vitriol sur internet,
visant François Hollande.

Mais le PCF, c'est aussi 11.000 élus locaux, dont près de 80
mairies (28 dans des villes de plus de 30.000 habitants). Des mandats souvent
décrochés en alliance avec le PS. La préparation des municipales de l'an
prochain commence. Le PCF se retrouve du coup écartelé entre la chèvre
socialiste et le chou mélenchonniste. Pierre Laurent prévient : il ne se soumettra
ni à l'un, ni à l'autre :

 "Notre cap sera clair : tout faire pour empêcher la
droite et l'extrême-droite de faire main basse sur les communes. A nos
partenaires de gauche dans les communes, à tous nos partenaires de gauche, je
dis : personne à gauche ne pourra rassembler en exigeant l'alignement sur ses
seules positions. Et à mes amis du Front de gauche, je dis : prenons la mesure
de l'enjeu crucial de ces élections pour la vie des populations
".

Les élus locaux communistes ne veulent évidement pas de divorce. Ils sont sur
la ligne classique du PC : être la conscience de gauche des socialistes au
pouvoir, comme André Guérin, le maire de Vénissieux, dans le Rhône : "Le
parti communiste doit avoir une position de gauche, critique et constructive
mais pas pour casser la baraque, pas pour avoir une attitude gauchiste, mais
avoir un lien avec ce qui ce passe dans le pays, parce que la révolte sociale
est en train de monter, pour que les dirigeants socialistes sortent un peu de
leur autisme
".

Alliance peu chaleureuse

L'alliance avec le parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon au
sein du Front de gauche est toujours revendiquée haut et fort, le PC a besoin
de l'aura du candidat Front de gauche à la présidentielle. Même si cette
alliance ne semble pas toujours très chaleureuse, au niveau des états-majors du
moins. Avec l'approche de la préparation des élections, les tiraillements du
début s'amplifient. Mais le parti de gauche ne s'inquiète pas pour les
élections, car pour Ian Brossat, élu communiste de Paris, le PS ne
peut pas se permettre de rompre : "Je n'ai pas d'inquiétude. Je suis
convaincu que le parti socialiste sait bien que tout seul, il ne gagnera pas
les élections municipales et et qu'il aura besoin du Front de gauche, au moins au
second tour
".

Si la gauche du PS se sent proche des positions communistes et encline à la
compréhension, d'autres sont sur une ligne plus dure comme Jean-Christophe
Cambadélis qui prévient : il ne faut pas aller trop loin. Christophe Borgel, le
secrétaire du PS aux élections note les contradictions du PC et demande à ce
qu'il n'y ait pas de vaisselle cassée : "On a tous besoin du
rassemblement. personne n'aurait intérêt à ce qu'il y ait des fractures. Et je
veux alerter le parti communiste : il y  a un moment donné, où quand on
tire trop sur la corde, indépendamment des volontés des uns et des autres, elle
risque de se casser. je vois quand même des nuances. Quand Pierre Laurent dit
qu'il faudra faire face aux appétits de revanche de l'UMP et quand Jean-Luc
Mélenchon dit que ça va être un vote sanction, il y a une différence qui se
voit comme le nez au milieu de la figure
".

Elections européennes

Et certains au PS admettent qu'ils ont besoin des
communistes, notamment en région parisienne. Mais les municipales ne sont pas
le seul enjeu. Il y a aussi les élections européennes l'an prochain. Et là non
plus certains au PC, minoritaires toutefois, ne veulent pas enfourcher le même
cheval que Jean-Luc Mélenchon, à l'image d'Emmanuel Dang Tran, secrétaire de section
à Paris : "Les municipales, c'est une chose. Chaque section du parti
communiste doit avoir la possibilité de décider en fonction de la situation
locale. Les Européennes qui suivent, si c'est pour s'aligner, avec les
écologistes, sur un maastrichien comme Mélenchon, je dis non
".

Car si les communistes ne veulent pas rompre avec les socialistes pour les
municipales, Jean-Luc Mélenchon, lui, se rapproche des écologistes, notamment
sur de positions communes sur l'Europe.

 

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