Les "civilisations" durcissent la campagne présidentielle
La semaine dernière, Claude Guéant déclare que "toutes les civilisations ne se valent pas ". Les propos ne sont pas déformés puisque le ministre de l'intérieur va le répéter autant de fois qu'on le lui demandera. Indignation de la gauche bien sûr et quelques ténors à droite émettent des réserves. Mais comme souvent, l'Assemblée nationale va servir de caisse de résonnance.
C'était hier après-midi, lors des questions au gouvernement.
Le député de la Martinique, apparenté PS, Serge Letchimy prend la parole pour dénoncer les propos de Claude Guéant et évoque "les camps de concentration" et "le régime nazi" .
La séance est levée. Le gouvernement quitte l'hémicycle suivi par les députés de la majorité. C'est un vrai incident, et à la sortie, le Premier ministre demande une condamnation de ces propos. Il est relayé par les députés UMP comme Valérie Rosso-Debord : "On vient d’insulter un ministre de la République […] nous exigeons des excuses publiques".
A cette heure, le député Serge Letchimy a exclu toute excuse ; le PS comme son candidat François Hollande ne sont pas décidés à en faire. Le ton devrait quand même changer ce matin comme d'habitude en pareille circonstance, tout le monde appellera au calme et dira que tous ces propos ont été excessifs d'un côté comme de l'autre.
Ce que révèle cet incident
Que nous sommes bel et bien dans la campagne présidentielle. Toutes les provocations ou tous les incidents vont prendre des proportions plus grandes.
Ils seront instrumentalisés d'un côté ou de l'autre. Pour preuve ? La réaction de François Hollande hier-soir au 20 heures de France 2 :
"Il y a des sujets majeurs, le chômage, le pouvoir d’achat, le froid, la pauvreté et là il faudrait discuter de la différence entre les civilisations".
Au même moment, mais dans le journal de 20 heures de TF1, un autre candidat François Bayrou, réagissait. Le candidat du Modem renvoie comme à son habitude dos à dos l'UMP et le PS : "Je condamne les uns et les autres ; ça fait des jours et des jours qu’on assiste à une escalade indécente".
Et les députés UMP ne viennent pas contredire le candidat centriste. A l'image du droitier Lionel Lucca : "On voit bien l’instrumentalisation politicienne que veut faire le parti socialiste de tout ; il s’érige en police de la pensée".
Et la dernière conséquence de toute cette polémique, c'est qu'elle amène le débat sur les valeurs, sur la République, sur la nation. Et c'est précisément sur ce terrain que l'Elysée veut faire campagne dans les semaines qui viennent.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.