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Les syndicats dans la campagne présidentielle

A quelques semaines du premier tour de la présidentielle, les syndicats abandonnent leur traditionnelle neutralité et affichent désormais leurs préférences politiques.
Article rédigé par franceinfo
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Aucune hésitation. Les principales centrales ne
militent pas pour un second mandat de Nicolas Sarkozy. Mais, prudentes, elles
ne vont pas jusqu'à donner une consigne de vote, même si leur rendez-vous avec
François Hollande et Jean-Luc Mélenchon furent très médiatisées. C'est la CGT
qui est la plus virulente, la plus critique à l'égard du Président-candidat. "Nicolas
Sarkozy est mal placé pour parler de la valeur travail
", selon Bernard
Thibault. D'où une position partiale dans cette campagne. "Sa seule
approche, par exemple, pour favoriser la compétitivité des entreprises, c’est uniquement
s’attaquer au code du travail, à la législation du travail en matière de temps
du travail
", renchérit Mohammed Oussedik, l'un des membres de la
direction de la CGT. Nicolas Sarkozy donne également des boutons à FO et à la
CFDT qui avaient participé à contrecœur au sommet social en janvier dernier. L'irrévérent
François Chérèque évoque même "l'incontinence
politique
" du locataire de l'Elysée.

Comment expliquer l'absence
de neutralité des syndicats ?...

C'est un tournant après le
désengagement politique observé dans les années 80-90. Cette année, l'anti-sarkosysme
est un mot d'ordre rassembleur, de la base au sommet des organisations. Et ce
positionnement clair, constaté aussi parmi des dirigeants syndicaux étiquetés à
droite, provient de toute une série de maladresses, de déceptions voire
d'arrogance. C'est ce que pense "Sur chaque grand dossier social, l’interlocuteur
ce n’était pas Fillon, c’était directement Sarkozy. Donc il est un peu normal
aussi que l’hyper-présidence suscite des hyper-réactions. Je ne pense pas qu’ils courent
un risques considérables tant qu’ils n’appellent pas explicitement à voter pour
tel ou tel. Après tout, eux aussi ont à dire, lorsque le pays s’interroge sur
son avenir, ils sont dans leur rôle en émettant un avis, fut-il critique, sur
la période passée
", analyse Jean-Marie Pernot, chercheur à l'IRES,
l'Institut de Recherches Economiques et Sociales. Sachez qu'en Europe, il y a
peu de pays où les syndicats sont neutres. Tradition d'engagement au côté des
partis socio-démocrates dans le nord du continent, en Espagne, au Portugal et
en Allemagne. Aux Etats-Unis, les syndicats font ouvertement la campagne du parti
démocrate, celui d'Obama.

Qui sème le vent...

Reste que les syndicalistes français
et leur anti-sarkozysme, ça ne plait évidemment pas à l'UMP. Ils feraient mieux
de s'occuper de syndicalisme, ironise l'entourage de Nicolas Sarkozy. "Je
ne comprends pas comment des corps intermédiaires que sont les syndicats peuvent
se permettre de critiquer un homme qui a été élu au suffrage universel. Ils participent à une forme de dé-crédibilisation
de l’ensemble des corps intermédiaires, en tout cas de ceux qu’ils représentent
", réagit notamment la députée
Valérie Rosso-Debord, qui fait partie de l'équipe de campagne du chef de l'Etat.
Sans surprise, l'opposition de gauche, elle, soutient les initiatives des
syndicats d'autant plus que le monde ouvrier, largement favorable à Nicolas
Sarkozy en 2007, s'est depuis détourné. Qui sème le vent, etc, etc… tient à rappeler
Benoit Hamon: "Le président de la République ne rate jamais une occasion
de dénoncer les militants syndicalistes comme des militants sous statut et
protégés, ne rate pas une occasion de dénoncer les facteurs intermédiaires comme
des facteurs bloquant de l’évolution et de la réforme de la société française.
Donc ça va,  on ne va pas leur reprocher
de dire son fait à Nicolas Sarkozy
", estime le porte-parole du PS.

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