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Pierre Moscovici dans l'oeil du cyclone Cahuzac

Les efforts de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault pour empêcher l'affaire de se transformer en crise politique n'ont pas suffit mercredi à l'Assemblée nationale. Et la cible identifiée par l'opposition, c'est le ministre tutelle de Jérôme Cahuzac, celui de l'Economie, Pierre Moscovici.
Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de l'économie sera-t-il la baguette du mikado qui fera s'effondrer l'édifice gouvernemental ? C'est en tout cas de ce côté là que l'opposition a choisi de tirer dès ce mercredi à l'Assemblée. Non pas que Jean-Marc Ayrault et François Hollande aient été oubliés, mais en tant que patron direct de Jérôme Cahuzac, Pierre Moscovici se retrouve accusé de l'avoir couvert. Que savait-il exactement ? Fin janvier, il a fait demander aux autorités suisses si Jérôme Cahuzac ou ses ayant-droits avaient eu un compte à la banque UBS. La réponse arrive rapidement et elle est négative, a fait valoir Pierre Moscovici hier à l'Assemblée : "La réponse a été transmise dès le lendemain matin à la police judiciaire. Alors si vouv voulez à tout prix chercher une mise en cause, je trouve que vous frappez à la mauvaise porte. Car nous n'avons rien cherché à innocenter, à blanchir ou à couvrir, au contraire. Cette administration et moi-même avons été constament au service de la vérité, de toute la vérité. J'en suis fier ".

La demande de Bercy ne portait que sur la période 2006-2013 mais Jérôme Cahuzac aurait clôturé son compte en 2010 pour transférer l'argent à Singapour. Et d'autre part, les délais de prescription fiscale n'autorisent pas à enquêter plus loin dans le temps, souligne Pierre Moscovici. Pour le député socialiste du Cher, Yann Galut, il n'y a donc rien à reprocher au ministre de l'Economie : "Il a fait son travail dans le cadre de ses prérogatives. Ni plus, ni moins. On ne peut pas lui reprocher d'avoir demandé une entraide judiciaire et de l'avoir transmise immédiatement à la Jusitce. Il a respecté les protocoles de Bercy. Et maintenant, j'espère vraiment que Jérôme Cahuzac va aller jusqu'au bout, va nous déclarer ce qu'il a à déclarer et puis que nous, grâce aux propositions de François Hollande, on avancera pour répondre au choc des Français ".

Zones d'ombre

Il reste tout de même des questions précises : pourquoi les autorités françaises n'ont-elles pas fait de demande similaire à Singapour ? Et puis il y a cette impression de flottement à la tête de l'exécutif, que peut pas croire le député UMP de la Manche, Philippe Gosselin : "Quand on connaît le mode de fonctionnement de Bercy, les querelles
que l'on cherche parfois à tel ou tel chef d'entreprise, à telle ou
telle catégorie professionnelle etc., je ne peux pas croire qu'il n'y
ait pas eu un bout de dossier quelque-part et que le ministre n'ait pas
été mis en alerte. Si ce n'est pas le cas, il y a de quoi s'inquiéter,
puisqu'il n'y aurait pas de pilote dans l'avion, ce qui me paraît
totalement improbable
".

Et qui est le vrai pilote de l'avion ? Pour Daniel Fasquelle, le député UMP qui avait demandé en séance à Jérôme Cahuzac si les informations de médiapart étaient vraies, il faut aller chercher plus haut : "Je crois qu'un simple remaniement ne suffirait pas. Et je ne vois pas comment Jean-Marc Ayrault pourrait rester à son poste, alors qu'après 10 mois, il a, avec le soutient de François Hollande, qui porte toute sa part de responsabilité, plongé le pays dans une crise grave, économique, sociale et maintenant politique ".

Et Daniel Fasquelle souhaite une proposition de loi qui pénaliserait le mansonge devant l'Assemblée nationale, comme l'a fait Jérôme Cahuzac. Mais certains responsables UMP freinent les ardeurs de leurs troupes. Pour l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, l'UMP est encore en convalescence et ne pourrait pas gouverner. C'est pourquoi, contrairement au Front national, il ne réclame pas la dissolution de l'Assemblée nationale.

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