Valls qui rit, Sarkozy aussi
Cela
fait plusieurs jours que ce déplacement en Lorraine est présenté dans les médias
comme étant la première étape d'un tour de France anti-Front national. Avec un super
Manuel Valls, qui ferait le job à lui tout seul, en lieu et place du
gouvernement et du Parti socialiste, pour barrer la route à la menace bleue
Marine qui plane sur les prochaines municipales.
Et c'est vrai ?
Que
disent ses proches ? "C'est faux ", bien sûr. "Nous avons
dressé une cartographie des villes FN, ça n'existe pas ". Le ministre de
l'Intérieur veut se rendre dans les villes où se posent de graves problèmes de
délinquance et prouver que le sujet, dont veut s'emparer Marine le Pen, n'est
plus un tabou à gauche. "Ceci dit, si cela peut rendre service pour les
prochains scrutins, pourquoi pas ", glisse un collaborateur, avec un
demi-sourire. Ce déplacement, il y en aura d'autres, s'effectue avec la
bienveillance, pour ne pas dire l'accord de l'Elysée. Donc c'est un peu vrai ! Le
ministre le plus populaire serait, de plus, très demandé : les candidats PS
aux municipales, qu'on se le dise, se l'arrachent.
Et ça aussi, c'est vrai ? Combien
d'invitations à ce jour ?
C'est un
mystère. Il n'y a pas de chiffre de la police. "Manuel assume et accepte
bien volontiers de faire le job, il ne va pas se dérober ", se contente de
répondre son équipe. L'attente serait forte dans cette période de brouillard
gouvernemental, où l'étiquette PS et gauche ne fait plus recette, voir le résultat
à Brignoles.
Rien de tel que de recevoir le ministre qui séduit droite et
gauche à 50/50. Manuel Valls est au zénith, il incarne l'autorité aux yeux des
Français, alors que l'exécutif est au fond du trou. BVA a même pointé deux
défauts, qui ne sont en rien rédhibitoires: le premier flic de France est jugé
trop arriviste à 48 %, et trop perso à 54 %. Ça ne vous rappelle personne ?
Nicolas Sarkozy ! Oui, mais
la comparaison devient banale...
Même
agaçante. Mais le hasard de l'actualité les met sous les projecteurs le même
jour, l'ex-président s'étant débarrassé lundi de la menace d'un humiliant procès
en correctionnelle dans l'affaire Bettencourt. Ils ne partagent pas le même ADN
politique, mais ils ont en commun, outre la fonction de ministre de lIintérieur
à dix ans d'intervalle, le volontarisme : ils agissent, ce qui les rend
populaires auprès des Français. Et ils sont censés combattre le même adversaire:
la famille Le Pen, le père, que Nicolas Sarkozy a affronté, avant de croiser le
fer avec la fille, que Manuel Valls retrouve sur son chemin. Les deux ont également
compris que pour durer, il fallait savoir nourrir la bête médiatique.
Le scénario se répète ?
Après Chirac/Sarkozy, nous allons avoir Hollande/ Valls ?
Ça y
ressemble furieusement. L'actuel ministre de l'Intérieur dicte le rythme, même s'il
a été la cible dans la polémique avec Cécile Duflot au sujet des Roms. C'est
lui qui a pris la main sur l'exécutif. Mais attention, 2017 est loin. Il peut s'en
passer des choses. La question de la succession n'est pas ouverte. Manuel Valls,
en attendant, a décidé de ne pas disparaître. Il est désormais sur une trajectoire
personnelle.
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