Finale de la Coupe du monde 2022 : qui est Thierry Marszalek qui ausculte les forces et faiblesses des Argentins pour éclairer les Bleus ?
C'est le Bleu qui totalise le plus de matchs en équipe de France. À 55 ans, Thierry Marszalek a dépassé les 300 matchs. À côté, Hugo Lloris fait presque figure de débutant avec ses 144 capes. Soyons honnête, notre intrus du jour ne tape pas dans le ballon, il tient d'ailleurs beaucoup à cette nuance. Mais c'est vous dire s'il en connait un rayon. Depuis l'époque Aimé Jacquet, c'est lui qui monte et analyse les vidéos de tous les adversaires des Bleus. Autant dire que quand franceinfo l'a eu en ligne tout à l'heure, il était plongé dans les forces et faiblesses des Argentins pour que Didier Deschamps puisse ensuite briefer les Bleus dimanche matin avant la finale.
L'homme n'est pas un ancien footballeur. Il n'avait pas le niveau pour en faire un métier, mais enfant et adolescent, partout où il a déménagé au gré des mutations de son père receveur des postes, il a joué comme défenseur central : l'Oise, le Nord, Compiègne, Saint-Laurent-du-Var ou encore Fresnes. Tout ça en loisir ! Sa formation à lui, c'est informaticien, avec un BTS et un DUT. Le petit gars de la Somme – il est né à côté d'Amiens – a fait toute sa carrière à la fédération française de football (FFF) où il est entré avec un service militaire qui a du faire pâlir d'envie pas mal de ses copains l'époque : comme scientifique du contingent.
"Ce sont des détails que l'on essaye d'observer"
On est en 1989, il est chargé d'installer l'informatique dans les ligues régionales et forme toutes les secrétaires au traitement de texte. Après l'armée, la fédération le garde au service informatique où il développe notamment un logiciel d'observation des matchs. Michel Platini qui est le sélectionneur de l'époque, le teste et l'adopte. Après lui Gérard Houillet, Roger Lemaire, et les Santini, Domenech, Blanc et désormais Deschamps. Et 32 ans plus tard, c'est avec la même logique que Thierry Marszalek ausculte littéralement tous les adversaires des Bleus, depuis le début de cette Coupe du monde au Qatar. "Ce sont des détails que l'on essaye d'observer, explique Thierry Marszalek. Par exemple, les deux milieux excentrés du Maroc qui étaient Hakim Ziyech à droite et Sofiane Boufals à gauche, c'étaient des joueurs qu'on appelle des 'faux pieds' : droitier à gauche et gaucher à droite. En fait, ils rentraient beaucoup intérieur pour frapper. Donc nos arrières latéraux étaient prévenus qu'il fallait plutôt les amener sur l'extérieur que sur l'intérieur parce qu'il y avait danger."
"C'est mon observation visuelle et après je le mets en data en disant ce que j'ai vu et en me demandant : Est-ce que ça s'est répété ? Est-ce que ça vaut le coup que je le présent ? Nous notre boulot est de faire, à partir de centaines d'informations, une synthèse. L'Argentine, ils ont joué six matchs et donc sur les 600 minutes, il faut en sortir 20."
Thierry Marszalek, informaticien et responsable du pôle audiovisuel de l'équipe de France de footballà franceinfo
Evidemment le contenu des 20 minutes, est "secret défense". On ne saura rien. Thierry Marszalek l'a mis au point grâce aussi à plusieurs observateurs, des entraineurs des catégories jeunes de la fédération qui sont à Doha avec lui depuis le début de la Coupe du monde, et se répartissent sur les différents terrains pour apporter encore des détails qu'on ne voit pas en vidéo sur ces adversaires. On est dans le perfectionnisme. Ensuite, le samedi soir, veille du match : Thierry Marszalek réunit le staff et ils font une répétition de présentation de la vidéo. Dimanche matin, c'est Didier Deschamps qui opère devant ses joueurs.
Un film personnalisé pour chaque joueur
La finale, le responsable vidéo la suivra en tribune de presse, encore et toujours le nez sur ses écrans. En contact avec le banc, avec qui il peut communiquer pendant tout le match. Et aussi parce qu'il livre aussi, aux Bleus cette fois, un compte-rendu vidéo de leur propre match qu'ils reçoivent, sur leur téléphone, une heure seulement après la fin du match. Tout comme ils vont recevoir, à la fin de la Coupe du monde, un film personnalisé, avec aussi les images des entrainements. L'équipe de Thierry Marszalek les filme intégralement, là encore pour alimenter le staff ou si un joueur se blesse, pouvoir montrer au médecin ce qui s'est passé
Lui qui connait si bien l'adversaire argentin, n'a pas voulu se risquer à un pronostic. Modeste, il s'interdit de jouer les tacticiens à la place des tacticiens. Il rêve évidemment de cette Coupe du monde qui serait mine de rien, la 3e pour lui personnellement qui était déjà là en 1998.
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