Lancement de l'autocollant "Oui pub" : qui est Serge Lepeltier, l’homme qui lança "Stop pub" il y a 18 ans ?
L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Les autocollants "Oui pub" qui débarquent, jeudi 1er septembre, dans 14 villes tests envoient aux oubliettes les "Stop pub" lancés en 2004 par Serge Lepeltier. Le 16 juin 2004, jour du lancement de l'autocollant "Stop pub", le ministre de l’Écologie de Jacques Chirac se taille un joli succès devant photographes et caméras. Sur les images d’archive, on voit Serge Lepeltier montrant l’étiquette et la collant fièrement sur sa veste. Le message : "Merci d’épargner ma boite aux lettres". Un petit personnage cheveu jaune et tunique verte façon Robin des bois, avec des ailes de libellules, écrase, du pied, une pile de prospectus. Le slogan détourne les messages de prévention de l’alcoolisme de l’époque : "L'abus de prospectus est dangereux pour ma planète"
Comme avec les "Oui pub" qui débarquent jeudi 1er septembre dans 14 agglomérations, l’idée est de limiter la quantité de papier jeté, mais la logique est inverse. Si on ne souhaite pas de pub, il faut l’écrire sur sa boite. Une révolution à l’époque. Le succès est immédiat. Un million d’exemplaire sont imprimés et s’arrachent en quelques semaines. Les volontaires doivent en faire la demande dans les Points info énergie de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) ou sur leur site internet. La grande distribution a édité les siens quelques mois plus tard.
Serge Lepeltier est membre du gouvernement Chirac-Raffarin qui n’est certes pas identifié comme le plus écolo des duos de l’exécutif de la Ve République. Mais on est quand même deux ans après le fameux discours présidentiel au sommet de la Terre, à Johannesbourg : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs". Cette année 2004 est aussi l’année de l’interdiction des sacs plastiques qui ne sont pas biodégradables. Déjà ! Et cet autocollant "Stop pub", est lancé à l’occasion du lancement de la deuxième semaine du développement durable.
Une question de "liberté individuelle"
En fait, on n’est pas du tout dans l’idéologie. Pour Serge Lepeltier, c’est surtout une question de "liberté individuelle". Il explique dans Le Parisien, ce 16 juin 2004, que "cela permet à ceux qui le veulent de ne plus recevoir ce genre de courrier". Il avance quand même un chiffre du gain environnemental : "Si 5% de Français adoptent cet autocollant, ce sera 40 000 tonnes de papier économisés par an, soit quatre fois le poids de la tour Eiffel."
Il promet une réglementation et des sanctions. Il met ça en place dans sa ville de Bourges, avec son adjoint à l’environnement, Roland Narboux. C'est un énorme succès avec quand même deux dommages collatéraux. "Il y a quand même eu deux phènomènes. Les gens nous disait ne plus recevoir le journal de la ville : Les Nouvelles de Bourges. Il a fallu faire machine arrière avec un deuxième système de distribution des journaux. Et puis on a eu un problème qui était plus social et qui était auprès d'un certain nombre de personnes un peu âgées. Serge Lepeltier nous avait alerté là-dessus en nous disant : 'Attention pour certaines personnes, c'est le seul le moyen de recevoir quelque chose dans leur boite aux lettres. Cette pub ne leur apporte pas grand chose mais ils ont plus l'impression d'exister.'"
C’est d’ailleurs pour répondre à ce genre d’attente que le "Oui pub" est testé à partir de jeudi. Il va permettre à ceux qui veulent les prospectus de les recevoir. Preuve en tout cas que Stop pub n’a pas suffi à diminuer le flux. À l’époque de Serge Lepeltier, 800 000 tonnes de prospectus étaient distribuées dans les boites aux lettres. Aujourd’hui c’est 900 000 tonnes.
Autre élément qui n’a pas changé : à l’époque le ministre faisait face aux inquiétudes syndicales pour les emplois côté pub et côté société de distribution… Elles demeurent d’actualité. D’après le patron d’Aquimedia, l’un des acteurs du secteur très implanté dans la région bordelaise, "Stop pub", dans une ville comme Bordeaux, leur a rendu inaccessible 30 à 35% des boîtes aux lettres. C’est un peu moins en milieu rural, entre 10 et 15%. Pour Serge Lepeltier lui-même, cette époque reste en tout cas une période fondatrice. Puisqu’on le retrouvera ensuite à diverses fonctions en lien avec les problématiques environnementales. En 2011, il sera notamment ambassadeur en charge des négociations climatiques pour la France.
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