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Sècheresse : qui est Olivia Gay, la violoncelliste qui joue sous les arbres pour alerter sur la protection de la forêt ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Olivier Gay, dans la forêt, avec son violoncelle. Avec l'aimable autorisation des ayants-droit (PATRICK FOUQUE)

La mobilisation autour de la pénurie d’eau peut prendre des formes très diverses. Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique a présidé aujourd'hui un comité sécheresse exceptionnel avec les élus des Pyrénées-Orientales où il n’a pratiquement pas plu depuis un an. Dans un autre genre, à partir de samedi prochain le 29 avril, Olivia Gay, violoncelliste de 36 ans, va enchaîner des récitals en pleine forêt, Saint-Apolline dans les Yvelines, Aigoual (Gard), ou encore la Teste-de-Buch en Gironde, qui avait été détruite par le feu l'été dernier. Ce sera le 12 juillet, un an tout juste après l’incendie…

Olivia Gay l'enfant de la forêt

A 36 ans, Olivia Gay est une fille de la forêt. Elle est née et a grandi dans l’Est, dans la région de Belfort. Venir à Paris, après son bac, pour le violoncelle, fut un cauchemar. Depuis, pour la suite des études en Allemagne, et aujourd’hui, encore, elle s’est toujours débrouillée pour retrouver la nature. Elle vit en bordure de la forêt de Fontainebleau avec sa famille (2 fillettes de 3 et 6 ans). Et même de l’autre côté du téléphone, on devine les oiseaux lorsqu’elle raconte cette enfance dans les forêts des Vosges."J 'avais une maman, elle ne supportait pas quand on était enfermé, donc enfants on était très souvent dehors avec les saisons, les champignons en automne, la neige en hiver, les lacs en été. Très jeune ma vie était rythmée entre la scolarité, la musique, les chevaux dehors dans la forêt notamment"

En parlant avec Olivia Gay au téléphone on entend les oiseaux, les merles, les coucous... On s’y croirait… !

Les menaces sur les forêts françaises

On comprend en tout cas que, chez elle le terrain était favorable à la mobilisation sur la protection de la forêt. Les incendies ont fait le reste. Les mégafeux, comme celui de la Teste de Buch l’été dernier. Ou encore les maladies liées à la sécheresse là encore : il y a notamment ce petit insecte, le scolyte qui s’infiltre sous l’écorce des épicéas (le bois principal en lutherie) et qui fait énormément de dégâts depuis 5 ans à peu près dans beaucoup de forêts. Tout cela l’a amenée à vouloir agir, mais pas comme militante - elle déteste ce mot - elle le fait comme artiste, et elle tient à la nuance. " Il y a ce souhait de célébrer la beauté de la nature, mais c'est aussi une sorte de cri d'alerte quant à la préservation des forêts on le sait tous, le poumons vert de la planète et la plus grande source d'inspiration artistique depuis toujours. La sécheresse, les maladies et les mégafeux sont des conséquences du réchauffement climatique mais c'est vrai que le fait que mon intrument soit construit à partir de la forêt, c'est une motivation supplémentaire en ce qui me concerne pour sensibiliser sur ce sujet." 

Olivia Gay dans la forêt avec son violoncelle (PATRICK FOUQUE)

S'engager artististiquement en faveur de la forêt

Olivia Gay a donc pris contact avec l’ONF, l’Office National des Forêts. Elle est devenue ambassadrice de leur fonds de dotation ( Agir pour la forêt), elle reverse 60% des royalties de son album sorti en Septembre " Whisper me a tree" (Murmure-moi un arbre). Dans le cadre de cette opération qu’elle a baptisée « Le silence de la forêt » en référence à l’œuvre de Dvorak, elle incite aussi les organisateurs des concerts et les spectateurs à faire des dons. Elle amène toujours une petite boite qu’elle pose à la sortie. Cela a déjà permis de financer ces derniers mois une partie de la réhabilitation de la forêt d’Echarcon dans l’Essonne.

Jouer d’un instrument dans la foret évidemment n’a rien d’évident en terme d’acoustique. Mais c’est totalement assumé. " On a l'habitude quand on est concertiste d'avoir des acoustiques flatteuses, les salles sont conçues pour avoir cette résonnance qu'on ne retrouve pas dans un milieu naturele, j'ai été amené récemment à jouer dans une réserve pas très loin de Narbonne qui s'appelle Sainte-Lucie, "le chant des oiseaux" de Pablo Casals, et effectivement les oiseaux se sont mis à chanter et donc ça a été assez magique." 

 

Il faut se figurer Olivia Gay, sur une petite scène dépliable, transportable avec suffisamment de place pour le piano à queue. Elle sera accompagnée pour les prochains concerts de Celia Onéto-Bensaid et Aurélien Ponti. Imaginez aussi le public dans des transats. Avec ça, s'ils ne repartent pas sensibilisés sur la protection de la forêt.

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