19.000 volcans sous-marins viennent d’être découverts
Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine Epsiloon, évoque aujourd'hui le travail d'une équipe de chercheurs américains qui vient de publier une nouvelle carte des fonds marins. Ils ont découvert 19.000 nouveaux volcans.
franceinfo : Cette publication d'une nouvelle carte des fonds marins double quasiment les recensements qui avaient déjà été faits ?
Mathilde Fontez : Oui, cette équipe, menée par l’océanographe Larry Mayer, du centre de cartographie de l’université du New Hampshire, aux États-Unis, a découvert 19.325 nouvelles montagnes sous-marines, pour être précis. La précédente carte en comptait 25.000. On en a donc aujourd’hui autour de 45.000.
Pour les trouver, les chercheurs ont utilisé les données des satellites, en particulier Cryosat-2 de l’ESA, et le satellite SARAL des agences indienne et française, qui mesurent la courbure de la surface de l’océan, et permettent de déduire le relief sous-marin. Cette technique est désormais capable de détecter des montagnes de 1000 mètres de haut, et de donner cet aperçu global du relief sous-marin.
Parce qu’on ne peut pas observer directement ces reliefs ?
Non, le plancher océanique est incroyablement difficile à observer. C’est le trou noir de la cartographie. Beaucoup plus que la jungle amazonienne – les spécialistes n’hésitent pas à comparer cette exploration des abysses à celle des autres planètes du système solaire, pour montrer toute l’étendue de notre ignorance.
La méthode la plus précise, c’est le sonar. Mais c’est un travail de fourmi : il faut arpenter tout l’océan avec des bateaux, des sous-marins ou des drones. Alors c’est en cours : un programme international – Seabed 2030 – a été lancé en 2017, pour compiler toutes les données de tous les navires. L’objectif est d’avoir cartographié la totalité des fonds marins d’ici 2030. Mais aujourd’hui, seul un quart de l’océan est connu. Cette cartographie satellite marque donc une étape clé : on passe un cap. On commence, enfin, à voir les grands fonds.
À quoi ça sert, de cartographier ainsi le relief sous-marin ?
À améliorer les cartes maritimes : il y a eu des accidents, en 2005 et en 2021, des navires américains ont percuté des monts sous-marins qui n’avaient pas été cartographiés. Mais les enjeux sont bien plus larges : ces montagnes sous-marines sont par exemple un enregistrement du mouvement des plaques tectoniques, et des processus d’éruptions volcaniques. Elles abritent une faune et une flore qui restent en grande partie à découvrir.
On s’aperçoit aussi que ces reliefs sous-marins jouent un rôle important sur la circulation océanique – c’est une clé pour modéliser le réchauffement climatique. Et puis il y a les ressources qui s’y cachent : cuivre, zinc, nickel, platine. On soupçonne que de grandes quantités de minerais pourraient être exploités en profondeur. Bref, c’est une sorte d’Eldorado, que l’on commence à découvrir.
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