Comment les arbres survivent aux incendies
Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloon nous parle aujourd'hui d'une petite lueur d’espoir dans le marasme : un bourgeon qui pousse sur un tronc carbonisé.
franceinfo : Certains arbres parviennent à survivre aux pires incendies, et des chercheurs sont en train de découvrir comment ?
Mathilde Fontez : Oui, ce sont des chercheurs californiens, qui ont étudié la forêt, après les grands incendies de 2020 : les flammes s’étaient élevées jusqu’à 90 mètres, incinérant les branches et les épines des séquoias géants…
Ils ont pourtant survécu. Comment ? Ce sont les prélèvements et les études en laboratoire qui l’ont montré : ces arbres sont allés puiser dans des ressources enfouies, des bourgeons cachés, qui attendaient, protégés sous l’écorce, depuis des centaines d’années. C’est une sorte d’hibernation végétale. Certains de ces bourgeons remontent jusqu’à 1000 ans.
Après le feu, quand l’arbre est brûlé, ces bourgeons se développent ?
Oui, c’est comme une réserve qui se libère : le bourgeon s’active, et une jeune pousse jaillit du tronc. Les chercheurs ont découvert que l’arbre a aussi gardé des réserves de nourriture, à l’abri du feu : des sucres, fabriqués quand il y avait des feuilles, et stockés pendant des années, pour nourrir les bourgeons. Bref, l’arbre a mis en place une sorte de prévoyance : il a stocké tout ce qu’il faut pour repartir après le pire incendie…
C’est la première fois qu’on voit ça ?
On savait que les arbres, contrairement aux plantes, ont évolué pour s’adapter aux pires aléas : les feux, les tempêtes. On avait vu par exemple, que des pins d’Alep, gardent en réserve des cônes, qui ne libèrent leurs graines que sous l’effet de la chaleur, une fois que feu est passé.
Mais le séquoia est un cas extrême. Il est particulièrement adapté au feu : les chercheurs estiment qu’un séquoia de 1000 ans subit plus de 100 incendies. C’est sans doute pour ça que c’est le plus grand arbre de la planète : il a mis ses branches à l’abri des flammes, tout en haut.
Il a développé une écorce ultrarésistante, qui peut faire jusqu’à 30 centimètres d’épaisseur, et qui contient des acides tanniques, qui retardent les flammes. Et en plus, c’est ce qu’on découvre aujourd’hui : il a déployé un système de réserve de bourgeons qui restent toujours jeunes, toujours prêts à éclore, pendant des centaines d’années.
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