En Chine et au Niger, la météo ingénierie est à l'action
La Chine et le Niger manipulent leur météo, ce qu'on appelle de la météo ingénierie : des techniques pour que la pluie se manifeste...
Hervé Poirier, rédacteur en chef du magazine scientifique Epsiloon évoque aujourd'hui ces nouvelles techniques pour provoquer des pluies et résoudre les problèmes de sécheresse.
franceinfo : Comment la Chine et le Niger procèdent-ils ?
Hervé Poirier : Les autorités nigériennes sont en pleine opération d’ensemencement des nuages dans la région de Niamey, à l’ouest du pays. Les avions ciblent les zones de cultures ou de pâturage les plus menacées par la très forte sécheresse qui s’est installée depuis deux mois. L’opération lancée début août devrait se poursuivre jusqu’à fin septembre, où se termine normalement la courte saison des pluies, cette année très chaotique – des inondations affectent le désert, dans le nord du pays.
Du côté de la Chine, l’administration météorologique nationale a lancé il y a quelques jours des drones dans le ciel du Sichuan, afin de faire pleuvoir les nuages au-dessus de cette région très agricole frappée, elle aussi, par une chaleur et une sécheresse historique – les cours d’eau sont asséchés, ainsi que les réservoirs des barrages, qui fournissent 80% de l’énergie.
Et c’est efficace ?
De plus en plus. Depuis les travaux pionniers menés dans les années 40, une cinquantaine d’États sont en train de réaliser des expériences pour favoriser la formation, au cœur des nuages, de grosses gouttes d’eau susceptibles de tomber au sol. La microphysique de l’atmosphère est de mieux en mieux maîtrisée. L’efficacité de différentes particules comme l’iodure d’argent ou le dioxyde de titane sont validées. Tandis que des radars et des satellites assistés par l’intelligence artificielle sont mis en place pour détecter les nuages les plus propices.
Cette météo ingénierie pose de nombreuses questions (absence de règles internationales, risque de pollution, etc.). Mais, depuis quelques années, elle est en train de changer d’échelle. Une circulaire émise par le Conseil d’État chinois en décembre 2020, annonçait la mobilisation de 50 000 techniciens pour prendre le contrôle des conditions météorologiques dans 60% du territoire, d’ici 2025.
Et cet été, marqué un peu partout dans le monde par de très violents dérèglements météorologiques, la technologie est vraiment sortie des labos. Cet été, la météo-ingénierie est passée à l’action.
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