Espace : découverte de la première atmosphère d’exoplanète rocheuse sur Cancri 55 e
Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloon, nous parle de cette découverte publiée dans la revue scientifique Nature : la première détection de l’atmosphère d’une exoplanète rocheuse.
franceinfo : Cancri 55 e est-elle une planète comme la Terre, mais en dehors de notre système solaire ?
Mathilde Fontez : Oui, c'est une planète très, très lointaine. Elle est située à 41 années-lumière de la Terre. Donc, il est impossible d’y aller. Mais on la voit avec les télescopes. Elle s’appelle Cancri 55 e et elle a été découverte en 2004.
En 2022 et 2023, elle a été ciblée par le puissant télescope spatial James Webb. L'analyse de ces résultats vient d’être publiée. Pour la première fois, on semble détecter une atmosphère autour d’une exoplanète rocheuse, comme la Terre.
Quand a-t-on découvert des exoplanètes la première fois ?
La première a été découverte en 1995. Il y en a plus de 5 000. Il y a des exoplanètes partout, autour de chaque étoile ou presque. En étudiant leurs éclipses, la manière dont elles filtrent la lumière, quand elles passent devant leur étoile, les astrophysiciens ont déjà réussi à analyser les atmosphères des plus grosses d’entre elles, les géantes gazeuses. Mais jusque-là, on n’avait jamais pu voir une atmosphère de planète de type rocheux.
C’est l’un des grands objectifs du télescope James Webb depuis le début. Cancri 55 e est l’une de ces planètes telluriques. Même si elle est très différente de notre Terre, puisqu'elle est deux fois plus grosse, et surtout, elle orbite tout près de son étoile. Elle est donc ultra-chaude, 2 000 degrés d’après les études thermiques des chercheurs. Il est probable que sa surface soit un gigantesque océan de roches fondues.
À quoi ressemble son atmosphère ?
Les chercheurs concluent à une couche de gaz de quelques pourcents du rayon de la planète, un peu comme la Terre (pour nous c’est 7%). Ce serait une atmosphère de carbone, sans doute du dioxyde de carbone, ou de monoxyde de carbone. Tout cela est au conditionnel car les résultats viennent de paraître dans le cadre d’un processus accéléré de publication scientifique – c’est spécifique au télescope James Webb qui déclenche beaucoup de concurrence scientifique.
La communauté des spécialistes va maintenant discuter de ces données et les mettre à l’épreuve. Mais la quête avance. Celle de pouvoir voir, étudier, d’autres planètes du même type que la nôtre, de voir enfin leur diversité.
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